Le double alignement de tilleuls qui distribue le parc sur toute la longueur est fragilisé. La fréquentation accrue, les comportements préjudiciables et les impacts du dérèglement climatique fragilisent les sols. Afin de restaurer les sols et sauvegarder les arbres, un diagnostic racinaire est mené jusqu’en mai 2025, grâce au soutien de la Fondation Gecina.
Le parc de la Cité internationale est le deuxième parc de Paris par sa superficie de 34 hectares. Il a été aménagé dans les années 1930 par Jean Claude Nicolas Forestier puis par Léon Azéma en coordination avec l’architecte du campus, Lucien Bechmann. Poumon vert du sud parisien, il favorise la préservation d’une flore et d’une faune rares dans Paris intra-muros grâce à son mode de gestion écologique, adopté depuis plus de 15 ans. Tantôt jardin pour les 12 000 résidents vivant sur le campus et parc de détente pour les riverains, sa fréquentation en hausse depuis 10 ans et l’augmentation des comportements préjudiciables ont fortement affaibli sa flore et dégradé certains arbres et arbustes dont le double alignement de tilleuls. Afin de le préserver, un diagnostic racinaire sur le double mail planté est en cours grâce au mécénat de la Fondation Gecina.
Les piétinements, le développement des activités sportives, la plus grande notoriété du parc ou encore la période post-déconfinement ont eu un impact significatif sur le parc qui connait un pic de fréquentation depuis près de 10 ans. Cette hausse de fréquentation n’est pas sans incidence sur son état et s’observe aisément au niveau du double mail.
Cette large voie plantée d’arbres est constituée d’environ 600 tilleuls presque centenaires avec une zone enherbée homogène entre les deux allées. Cet alignement est un axe structurant du parc de la Cité internationale. Il s’étire sur un kilomètre sur un axe est/ouest.
Sa disposition en fait un itinéraire très emprunté et dont la pression d’usage a fortement compacté le sol, ce qui a entraîné la disparition de sa couverture végétale.
Ces zones de terre à nue conduisent à une érosion des sols et à la mortalité des arbres, qui ne trouvent plus les réserves nécessaires pour se développer. La dureté du sol avec un tel niveau de compaction limite la prospection des racines et entraîne l’absence d’oxygène qui aura pour conséquence la disparition de la micro faune, présente dans le sol. Les arbres, sans ces nutriments, n’ont plus les ressources nécessaires pour évoluer correctement.
Pour lutter contre cette progression et mettre fin à de coûteuses opérations de ré-engazonnement, la Cité internationale a lancé avec le soutien de la Fondation Gecina un diagnostic du double mail pour identifier des solutions plus pérennes à son entretien. Par ailleurs, une campagne de sensibilisation aux usages du parc, à destination des visiteurs est en cours d’installation autour des zones concernées.
Le bureau d’étude Urbasense, spécialiste de l’agronomie urbaine, a été mandaté pour pratiquer des analyses du sol ainsi qu’une étude racinaire. Ce bureau a développé une solution innovante : la micro-dendrométrie. Il s’agit d’installer des micros-capteurs sur les arbres mesurant la dilatation et la rétractation des jeunes tiges sous l’effet de l’hydratation. Ce procédé fait partie du protocole expérimental mis en place par le bureau. Pour mener à bien ce diagnostic, plusieurs zones du parc ont été mises en défens. Ces espaces servent de lieux d’expérimentation qui permettront au bureau d’affiner leurs préconisations de gestion des sols et des usages de la coulée verte qui accompagne le double alignement.
Grâce à une première étude pédologique et racinaire réalisée le long du double alignement de tilleuls au printemps 2024, des relevés et des observations ont pu être effectués concernant l’état de surface des sols. Des actions ont été menées à l’ouverture des sols par camion aspirateur ou pioche à air pour analyser la résistance des sols et observer les racines. Le recours à un pénétromètre dynamique a permis de qualifier le terrain et d’obtenir des renseignements relatifs à la succession des différentes couches le constituant. Cette analyse pédologique s’est matérialisée par la mise en place de 38 points d’observation, la prise de 27 mesures de la résistance à la pénétration et le déploiement de 6 capteurs micro-dendométriques. Ces observations ont permis de dresser une cartographie racinaire et de compacité des sols et des relevés de facteurs limitant le développement racinaire.
Les résultats de cette phase ont conduit à des propositions concrètes qui vont être menées de septembre 2024 à mai 2025 dans 16 emplacements de 15 à 20 m² mis en défens le long du double mail. Dans ces placettes, plusieurs moyens de réduire la compacité des sols vont être testés afin d’obtenir des résultats à rapprocher. Chaque planche expérimentale est composée de 4 modalités de traitement, d’une modalité témoin (divisée en 2) et d’un arbre équipé d’un capteur micro-dendrométrique situé à proximité d’une des 4 modalités testées, différente pour chaque zone d’expérimentation. Cela permettra d’obtenir un résultat représentatif pour l’ensemble des sols compacts du double alignement.
Lorsque les valeurs de l’analyse de sol sont croisées avec le résultat de la micro-dendrométrie, on
obtient une idée précise de l’état de fonctionnement de l’arbre ce qui permet de délivrer des recommandations de gestion pour la restauration des sols et la préservation des arbres du parc. Quatre modalités ont été choisies afin de réduire la compacité des sols et favoriser la prospection racinaire.
Les objectifs de ces actions à tester permettront de réduire la compacité des sols, de diminuer les sources de compaction et d’améliorer les conditions de développement des végétaux. Les solutions les plus impactantes pourront ainsi être identifiées et mises en œuvre, grâce aux dons collectés via la campagne de mécénat en ligne pour la préservation du parc.
Ce projet a reçu le soutien de la Fondation Gecina. Tant en France qu’à l’étranger, la Fondation Gecina met en œuvre le développement, la promotion, la valorisation et le soutien d’actions en faveur de: l’accès au logement pour le plus grand nombre, la protection de l’environnement, la sauvegarde et la valorisation d’éléments du patrimoine immobilier et mobilier, qu’ils soient classés ou non, et accompagne les personnes en situation de handicap
Dès 1921, l’architecte Lucien Bechmann et l’architecte-paysagiste Jean Claude Nicolas Forestier sont chargés de concevoir le parc de cette « Cité-jardin » qui doit mêler harmonieusement paysage et constructions, espaces de promenade et terrains de sport. Influencés par les principes d’aménagement des campus américains qu’ils ont visités, Bechmann et Forestier (puis Léon Azéma) dessinent un parc, selon une trame régulière, compartimenté en espaces distincts : un grand mail planté de tilleuls en alignement, une vaste pelouse centrale et des équipements sportifs aux extrémités est, ouest et sud du parc. Les travaux d’aménagement, de grande ampleur, s’étendent sur près de dix ans. Avec le projet d’aménagement Cité 2025, lancé fin juin 2013 en faveur du développement du campus, des travaux ont permis d’agrandir et d’embellir le parc. En 2024, il a obtenu le statut de réservoir de biodiversité urbaine écologique.