Après une évaluation menée par l’Agence d’écologie urbaine, la Ville de Paris a décidé de revaloriser la qualification du parc de la Cité internationale qui a obtenu une note lui permettant d’accéder au statut de réservoir de biodiversité urbaine écologique. Le campus est ainsi reconnu comme étant une zone vitale, riche en biodiversité, où les espèces peuvent réaliser tout ou partie de leur cycle de vie. De réservoir secondaire, le parc passe à un statut de réservoir urbain de biodiversité fonctionnel, démontrant son rôle principal dans l’évolution de la faune et la flore.
L’Agence d’écologie urbaine accompagne la direction des espaces verts et de l’environnement de la Ville de Paris dans la mise en application d’actions issues du Grenelle de l’environnement. Elle procède notamment à la qualification de différents espaces verts en milieu urbain, dont la superficie dépasse l’hectare afin de qualifier écologiquement le territoire parisien. Le parc de la Cité internationale a fait partie des 135 sites étudiés. La visite s’est déroulée conjointement avec l’équipe du domaine, en charge de la gestion et de l’entretien du parc. Cette rencontre a permis d’évaluer le lieu et de lui attribuer une notation selon une grille d’analyse comprenant 9 critères et regroupant pas moins d’une cinquantaine d’éléments d’étude.
Les critères de notation :
En comparaison à sa précédente notation en 2014, deux critères ont évolué plus notablement, mettant bien en avant les résultats positifs d’un travail mené sur le long terme par l’équipe du domaine : la diversité au sein des sous-trames terrestres et la présence connue d’habitats prioritaires ponctuels.
Les sous-trames terrestres correspondent aux milieux ouverts et boisés. L’équipe du domaine a créé une nouvelle dynamique au niveau des sols en diversifiant ses espaces par de la pelouse, des zones recouvertes de copeaux de bois, des prairies fleuries, des bosquets ou encore des ilots arborés. Décaper le gazon pour y mettre des copeaux de bois, intégrer des arbustes ou créer des zones de pelouse contribuent à rendre les sols perméables.
Concernant les zones d’habitats prioritaires, le service a mis en place des méthodes de travail permettant à la nature de s’exprimer en toute liberté en réduisant son intervention. C’est le cas sur les zones de prairie de fauche. Entre la Maison du Mexique et le Collège franco-britannique, cette prairie, délimitée par une cordelette, est considérée comme un habitat permanent pour la faune et la flore. La fauche y est donc faite tardivement, à la fin de l’été afin de laisser aux espèces le temps nécessaire à leur développement naturel. Ces espaces se révèlent être d’ailleurs d’excellents lieux d’observation pour l’inventaire floristique de la flore sauvage ou spontanée effectué une fois par an par l’équipe du domaine.
Depuis une quinzaine d’années, la Cité internationale a choisi de passer de la stratégie à la pratique pour développer sa biodiversité. La gestion du parc de 34 hectares se fait sans utilisation de pesticides (depuis 2009) et de façon différenciée selon les zones. Plusieurs actions ont été menées. Elles alternent entre l’intervention ciblée pour un résultat précis et recherché et la libre évolution pour laisser la nature s’exprimer. Pour lutter contre les îlots de chaleur, la Cité internationale a procédé à une plantation massive sur son territoire. 1700 arbres ont été introduits, dont 1 500 avec le concours de la Ville de Paris. Une plantation organisée sur un modèle forestier, c’est-à-dire resserré comme en forêt pour recréer une canopée. Ce projet a permis de renforcer les corridors écologiques existants entre Montrouge, Gentilly et le parc Montsouris.
On observe également régulièrement la pratique du paillage en pied d’arbre. Les copeaux de bois disposés au pied des arbres permettent de conserver l’humidité du sol, de limiter le piétinement des racines et d’enrichir la terre en matière organique. Transformée en humus, celle-ci est bénéfique à l’épanouissement de l’arbre et des insectes dont les oiseaux viennent se nourrir.
Pour limiter l’évapotranspiration du sol et permettre la création de nouveaux habitats permanents pour la faune, un travail important a été réalisé sur la strate herbacée avec l’augmentation des surfaces prairiales. Huit prairies fleuries ont été créées dynamisant le potentiel existant de biodiversité du parc.
Les pratiques d’entretien du parc ont également évolué : taille non mécanique, fauchage tardif, suivi d’inventaires floristiques, récupération de feuilles mortes pour créer du terreau, zones de libre évolution… Toutes ces actions favorisent le développement de la faune et la flore existantes et permettent d’observer les dynamiques naturelles des écosystèmes ou comment la nature évolue et s’équilibre d’elle-même.
Six hôtels à insectes implantés dans le parc participent à la qualité écologique du parc et favorisent la biodiversité. Chaque casier reproduit différents lieux de vie. Ces aménagements facilitent la survie et la reproduction d’insectes pollinisateurs.
Enfin, quatre jardins de pluie ont été implantés grâce au soutien de la Fondation Engie pour offrir un nouveau biotope dans lequel la faune, les plantes hygrophiles et les micro-organismes vivent en interdépendance. Ils contribuent aussi à limiter les risques d’inondation et à lutter contre les îlots de chaleur. Ils viennent renforcer la Trame bleue en permettant l’introduction de plantes pour zones humides et l’apparition d’espèces nouvelles sur le parc comme la mante religieuse.
C’est pourquoi la Cité internationale est devenue référente auprès de d’autres gestionnaires de parcs. Elle est un site pilote concernant la gestion écologique appliquée dans un espace vert aux zones diversifiées. Certains gestionnaires de grands parcs publics nationaux se déplacent jusqu’à Paris pour échanger avec les équipes du domaine pour bénéficier de leur expertise. L’équipe du domaine reçoit également des entreprises pour les entretenir sur la transition écologique ou encore les bonnes pratiques à adopter dans le cadre d’ateliers de cohésion d’équipe.
Les trames verte et bleue, l’un des engagements phares du Grenelle de l’environnement, correspondent à une démarche visant à maintenir et à reconstituer un réseau d’échanges sur le territoire national pour offrir aux espèces animales et végétales des conditions favorables à leur déplacement et à l’accomplissement de leur cycle de vie. Elles contribuent ainsi au maintien des services que nous rend la biodiversité : qualité des eaux, pollinisation, prévention des inondations, amélioration du cadre de vie… C’est pourquoi l’équipe du domaine s’est attelée à renforcer la trame bleue par ses jardins de pluies et la trame verte par ses zones prairiales. Cette mosaïque de différents milieux favorise la présence de nombreux pollinisateurs et oiseaux sur le parc facilitant ainsi la circulation des espèces et la dissémination des végétaux.
Ce corridor sur lequel la Cité internationale intervient permet de créer un pont entre le réservoir de biodiversité qu’elle est et le parc Montsouris, autre réservoir de biodiversité du quartier. Ce réseau conjugue ainsi efficacement préservation de la biodiversité et aménagement urbain.
Le parc de la Cité internationale a été aménagé dans les années 1930 par Jean Claude Nicolas Forestier, puis Léon Azéma, en coordination avec l’architecte du campus, Lucien Bechmann. Il est situé sur le terrain des fortifications de Thiers détruites au début du XXe siècle dont un vestige est visible dans le jardin de la Fondation Deutsch de la Meurthe. Dans cette partie très boisée nord-est du parc, les allées se croisent formant un carrefour en étoile qui évoque ceux hérités des parcs de chasse des grands domaines royaux. Le tracé correspondait aux règles stratégiques de la chasse à courre. Avec son jumeau à l’ouest du parc, ce carrefour en étoile contribue à la régularité de la composition du parc. La grande pelouse centrale et son allée de double mail planté sont deux autres caractéristiques du parc. Dans le cadre de son projet de développement Cité 2025, le parc de la Cité internationale a été réaménagé pour augmenter la surface arboricole, requalifié et enrichi de nouvelles plantations, notamment pour retrouver son ambiance de forêt à l’est et de bosquets à l’ouest de la grande pelouse.
Deuxième parc de Paris par sa superficie, après le parc de la Villette, il est un des poumons verts du sud parisien, situé à la porte sud du couloir de biodiversité du Val de Bièvre. Il offre un riche patrimoine naturel, vital pour l’habitat, l’alimentation et la reproduction de nombreuses espèces. Il compte 3 045 arbres dont 235 espèces (1 794 arbres de 135 espèces en 2014). 179 espèces de fleurs sauvages y sont inventoriées sur les 1 078 recensées à Paris, soit 17 % environ de la flore parisienne. On dénombre 52 espèces d’oiseaux représentant plus de 25 % des espèces connues à Paris. Sur ces 52 espèces, 32 nichent sur le domaine dont 22 sont protégées au niveau national. La diversité et la taille des milieux présents dans le parc expliquent cette présence importante. Le parc de la Cité internationale concentre la population nicheuse la plus importante de serin cini dans Paris intramuros. Trois espèces protégées de chauve-souris ont également été observées dans le parc, dont le murin à moustaches. Une espèce de libellule vit également à la Cité internationale. Non protégée, elle est reconnue comme une espèce rare en milieu urbain. La mante religieuse est également une nouvelle habitante du parc, pourtant rarement observable à Paris.
Lieu inspirant, le parc de la Cité internationale abrite également plusieurs œuvres paysagères éphémères, créées par de jeunes talents : jardinier, paysagiste, architectes, scénographe, designer et artiste plasticien. L’exposition Jardins du monde en mouvement, organisée chaque année avec le soutien en mécénat de la Caisse des dépôts, réunit leurs créations, des œuvres inédites qui dialoguent avec le patrimoine bâti et explorent les ressources paysagères du lieu. L’exposition Regards révèle quant à elle neuf des œuvres singulières qui accompagnent le quotidien des étudiants et chercheurs accueillis sur le campus, au sein de leurs maisons. Enfin, à l’aube de son centenaire, l’exposition 100 ans de coopération entre la Cité internationale et la Ville de Paris revient sur les grandes étapes du développement et de la transformation de la Cité internationale jusqu’à nos jours.