04/10/2024
Partenariats Arts Maison des étudiants de l’Asie du Sud-Est

Le tableau monumental de Lê Phô quitte le campus pour le Musée Cernuschi

"La Maison familiale au Tonkin" de Lê Phô dans le hall de la Maison des étudiants de l'Asie du Sud-est
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"La Maison familiale au Tonkin" de Lê Phô dans le hall de la Maison des étudiants de l'Asie du Sud-est
Décrochage du tableau de son emplacement
Installation du tableau dans sa caisse de transport
Installation du tableau dans sa caisse de transport
Départ du tableau pour le Musée Cernuschi

La Maison familiale au Tonkin, une œuvre réalisée par Lê Phô, reconnu comme l’un des plus grands peintres vietnamiens du XXe siècle, a été prêtée temporairement au Musée Cernuschi, le musée des arts de l’Asie de la Ville de Paris. Cette œuvre monumentale rejoindra du 11 octobre 2024 au 9 mars 2025, l’exposition Lê Phô, Mai-Thu, Vu Cao Dam. Pionniers de l’art moderne vietnamien en France.

Un partenariat avec le monde muséal

En 2023, la Cité internationale a été contactée par le Musée Cernuschi, situé dans le 8e arrondissement de Paris, pour la préparation d’une future exposition. Il souhaitait pour la première fois rassembler les œuvres des trois artistes vietnamiens Lê Phô (1907-2001), Mai-Thu (1906-1980) et Vu Cao Dam (1908-2000), à l’occasion d’une grande rétrospective retraçant leur trajectoire de l’Indochine à la France. Au fil des 150 œuvres du parcours, le visiteur pourrait ainsi suivre les trois amis depuis leur formation à l’École des beaux-arts de Hanoï jusqu’à la fin de leur longue carrière en France.

C’est dans ce cadre que la Cité internationale a prêté son précieux tableau La Maison familiale au Tonkin, réalisé par Lê Phô et exposé dans l’entrée de la Maison des étudiants de l’Asie du Sud-Est. Il sera visible par le grand public pendant 5 mois, du 11 octobre 2024 au 9 mars 2025, à l’occasion de l’exposition Lê Phô, Mai-Thu, Vu Cao Dam. Pionniers de l’art moderne vietnamien en France. Le retour de l’œuvre sur le campus est prévu en mars 2025. Une entreprise spécialisée dans le transport d’œuvres d’art a été mandatée sur site, une équipe de sept personnes a procédé au décrochage du tableau aux dimensions remarquables de 4,40 mètres de large par 2,05 mètres de haut. Une caisse en bois a été spécialement fabriquée pour accueillir l’œuvre de Lê Phô et lui permettre une arrivée à bon port en toute sécurité. Pendant toute la durée du prêt, un panneau sur l’artiste, son œuvre et l’exposition sera installé en remplacement.

Un tableau presque centenaire

Lê Phô est encore étudiant à Hanoï lorsqu’il peint en 1929 cette grande huile sur toile. Il s’agit de l’une des toutes premières commandes officielles obtenues par l’un des élèves de Victor Tardieu, le directeur de l’École des beaux-arts de l’Indochine. Celui-ci mobilise ses contacts personnels et les réseaux de l’administration coloniale pour diffuser les travaux de ses étudiants à travers des expositions et leur obtenir des commandes.

L’œuvre est caractéristique du premier style de Lê Phô qui y démontre sa parfaite maitrise de la perspective en ouvrant l’espace du tableau par la galerie à droite. Au moyen d’une palette volontairement restreinte à des tons bruns et verts assourdis, le peintre transcrit une atmosphère silencieuse et empreinte de nostalgie. Dans sa vision d’un Vietnam immuable, la modernité ne semble pas avoir sa place. Les personnages sont perdus dans leurs pensées, immobiles.

Salle de ping-pong. Tableau de Lê Phô (Hanoi 1929, "La Maison familiale au Tonkin") | © CIUP/DR

La toile a été commandée pour décorer la salle de ping-pong du 5e étage de la Maison des étudiants de l’Indochine de la Cité internationale universitaire de Paris, alors en construction et dont l’ouverture est prévue en 1930. Exposée lors de la première promotion de l’Ecole de Beaux-arts de Hanoï en 1929, elle arrive ensuite en France, où elle est présentée au Salon des artistes français début 1930. Elle y obtient une mention honorable. Puis rejoint la maison pour son inauguration en mars 1930.

La conservation du patrimoine artistique

La Maison des étudiants de l’Indochine est rebaptisée Maison des étudiants de l’Asie du Sud-Est en janvier 1972. En 2007, elle est fermée pour d’importants travaux de réhabilitation. La peinture, exposée sans protection particulière, est alors en mauvais état de conservation. Consciente de la valeur de ce patrimoine artistique, la Cité internationale se rapproche de l’Institut national du patrimoine (INP) pour mettre en place un chantier-école. 

Des élèves sont chargés de la restauration du tableau, sous la supervision de leur professeur. Ce projet s’est déroulé sur deux ans et a consisté au nettoyage de l’œuvre, à la réparation des déchirures, des soulèvements de peinture et à sa restauration picturale. En décembre 2008, la toile est installée dans le vaste hall d’entrée de la maison, un emplacement privilégié à la vue de tous.

Une Cité d’artistes

Depuis sa création en 1925, la Cité internationale est une source d’inspiration pour les artistes du monde entier. Lieux de création, ses maisons abritent du mobilier d’exception mais aussi des œuvres réalisées par des peintres, sculpteurs et designers célèbres. Des bas-reliefs d’Anna Quinquaud, aux peintures de Foujita en passant par le mobilier de Charlotte Perriand, le campus abrite des œuvres exceptionnelles. Des visites guidées Cité d’artistes permettent de découvrir ce patrimoine unique ainsi qu’une exposition en plein air, Regards dont le contenu enrichi de vidéos offre des images de ces œuvres dans leur environnement.

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