05/12/2023
Story Arts Culture Maison internationale

Le café du restaurant universitaire dévoile les secrets de son passé

La plaque installée et les fresques de Pablo Poblète
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La plaque installée et les fresques de Pablo Poblète
Pablo Poblète en pleine session de travail sur le plafond du Restaurant universitaire, 1983
Pablo Poblète dans son atelier de la Maison internationale, 1983
Une des pentures murales réalisées dans le Restaurant universitaire par Pablo Poblète, 1983

Suite à des travaux de rénovation de ses espaces, le café-restaurant universitaire du Crous de Paris a remis en lumière d’anciennes fresques peintes au plafond, il y a 40 ans. Retour sur les dessous de cette création visuelle, avec son artiste Pablo Poblète.

Un environnement propice à la création

En 1979, Pablo Poblète, artiste franco-chilien, arrive à Paris à l’âge de 23 ans en tant qu’ « exilé volontaire ». La dictature de son pays d’origine le pousse vers un « besoin de vivre en liberté ». Il se met en quête d’un espace qui pourrait accueillir son art, son travail. C’est ainsi qu’en 1983 sur les conseils avisés de la directrice du Musée d’art moderne de Paris, il postule à la Cité internationale universitaire de Paris avec l’espoir de pouvoir intégrer l’un des ateliers d’artistes du campus. Il s’installera quelques mois plus tard au dernier étage de la Maison internationale, entourés d’artistes professionnels du monde de l’art originaires du Pérou, du Japon, du Mexique et de Croatie. Il s’y enrichit de rencontres et d’échanges interculturels, y reçoit de remarquables invités : Olga Picabia, la femme du grand artiste Francis Picabia, la chanteuse afro-américaine Nina Simone, ou encore l’écrivain péruvien  prix Nobel Mario Vargas Llosa. Cette confrontation à la différence et le dialogue qui s’instaure inspirera beaucoup l’artiste.

Désireux de partager son art avec le plus grand nombre, il propose des lectures de poèmes et des conférences dans les maisons du campus et ouvre régulièrement son atelier au public pour faire découvrir son univers artistique. La même année, il décide d’adresser des photographies de ses réalisations ainsi qu’un dossier de présentation à la direction de la Cité internationale. Il leur propose d’apporter vie et couleurs au Restaurant universitaire. Il souhaite y représenter un univers en mouvement entre fiction et réalité, entre micro et macro univers. Séduite par sa vision, la direction lui confie alors les voûtes du plafond du restaurant comme toile.

Un témoignage du courant artistique, la figuration libre

Seul, du haut de son échafaudage, Pablo réalise 6 voûtes peintes pendant l’année 1983 représentatives du mouvement pictural de la figuration libre apparu en France dans les années 1980. Un mouvement essentiellement français regroupant des artistes tels que  Rémi Blanchard, François Boisrond, Robert Combas et Hervé Di Rosa. Un courant qui permet aux artistes de faire figurer librement toutes formes d’art sans frontière de genre culturel ou d’origine géographique, sans hiérarchie de valeurs. La liberté, à l’image de la Cité internationale, un lieu d’ouverture d’esprit et de tolérance. Pablo Poblète se fait remarquer par son style original, unique. Il peint une sorte de chaos coloré, où tous les éléments animés se croisent dans une interaction permanente entre confrontation et convergence.

Par ses peintures, il souhaite transmettre l’idée que chaque voûte est une fenêtre ouverte vers un monde à la fois infiniment petit et infiniment grand. Une réalisation pleine de sens pour l’artiste-visuel et poète confirmé puisque sans le savoir, elle sera le point de départ de ce qui allait devenir des années plus tard son œuvre majeure en poésie Fraxerval, un recueil de 1055 pages ! En 2019, Pablo Poblète a été fait Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres en reconnaissance de son œuvre poétique, de son parcours d’artiste et pour sa diffusion de la culture française en France et à l’étranger. Un citoyen du monde qui a la poésie et l’art pour nationalité.

40 ans plus tard, cette œuvre picturale a été partiellement remise en lumière. Témoignage d’une époque et du courant de la figuration libre, elle fait aujourd’hui partie du patrimoine artistique de la Cité internationale universitaire de Paris. La Cité internationale a décidé d’apposer une plaque pour rappeler l’origine du projet et marquer l’importance de cette œuvre.

Un campus marqué par ses artistes en résidence et invités

Depuis sa création, la Cité internationale est une source d’inspiration pour les artistes du monde entier. Un parcours de visite guidée a même été consacré aux œuvres artistiques installées dans les maisons du campus. Cette promenade artistique Cité d’artistes illustre parfaitement la diversité culturelle du lieu. Des bas-reliefs d’Anna Quinquaud, aux peintures de Foujita, de la réplique de la Pierre du soleil à l’art du zellige, en passant par le mobilier de Charlotte Perriand, des œuvres exceptionnelles réalisées par des peintres, sculpteurs et designers célèbres sont à découvrir. Une richesse complétée par des artistes en résidence et des nombreuses expositions temporaires proposées, ouvertes au grand public et disponibles dans l’agenda des événements de la Cité internationale : Citescope.

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