29/11/2022
Entretiens Nos résidents Maison des étudiants de la francophonie Maison de l'Île-de-France

La Cité internationale a été pour moi une bouffée d’oxygène, l’espoir d’un nouveau départ

Taline Patchanian

Taline Patchanian, résidente à la Maison des étudiants de la francophonie , nous livre son point de vue sur son parcours, la Cité internationale et ses projets.

Peux-tu nous raconter ton parcours et ton arrivée à la Cité internationale ?

Je m’appelle Taline, je suis libanaise, d’origine arménienne. Architecte et paysagiste de formation, j’ai débuté mes études au Liban et complété ma spécialisation à l’Ecole nationale supérieure de paysage de Versailles en 2020-2021. Intéressée par les notions de l’écologie et de la biodiversité, j’ai poursuivi avec un master supplémentaire en approche écologique du paysage à l’université Paris-Saclay en 2021-2022, comme complément de mon parcours précédent. Actuellement, j’effectue des études en entrepreneuriat pour procéder à la création d’une auto-entreprise qui me permettra de devenir indépendante dans le marché du travail.

Mon arrivée à la Cité internationale universitaire de Paris remonte à 2020. C’était pour moi un nouveau souffle puisque j’ai dû quitter mon pays en catastrophe, peu après l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020. La Cité internationale a été pour moi une bouffée d’oxygène et surtout, l’espoir d’un nouveau départ.

Qu’est ce qui t’a motivé à intégrer la Cité internationale ?

À travers mes recherches en ligne, j’ai été ravie de découvrir la Cité internationale. Convaincue de l’importance de l’amitié et de l’entraide au sein d’un groupe et aussi de la vie en communauté, j’ai eu le vif désir d’intégrer l’une des maisons de ce campus. Mon but était de favoriser le partage des différentes cultures. Le fait de se retrouver à la Cité internationale m’a semblé un choix pertinent pour pouvoir créer des liens d’amitié et ne pas vivre seule dans un appartement à Paris. C’est cet aspect communautaire que je recherchais. Aujourd’hui, ma présence sur ce campus me permet de créer des liens sociaux et internationaux et de m’investir au sein de différents projets en rapport avec le domaine qui me passionne.

Quels sont tes projets et objectifs futurs ?

Mon projet professionnel, intitulé Penser les paysages post-traumatiques après l’explosion du port de Beyrouth, œuvre à la reconstruction et au développement de mon pays, le Liban. En effet, comme vous l’avez sûrement entendu, Beyrouth a subi au fil du temps plusieurs explosions, la dernière étant la plus destructrice le 4 août 2020. La zone du port a été complètement détruite. Un paysage de guerre est réapparu dans la ville. L’impact de cette explosion ne s’est pas limité uniquement à l’enceinte portuaire. La moitié de la ville a été détruite et gravement endommagée avec des conséquences dramatiques et irréversibles sur le paysage urbain de la ville, surtout au niveau des secteurs résidentiels. Ce sont les dommages physiques et émotionnels de la population qui ont été les plus durs à gérer.

Moi-même, je suis l’une des survivantes de cette explosion. Je travaillais dans un chantier d’architecture directement face au port où a eu lieu l’explosion. À la suite de cette catastrophe, ma maison a été détruite. J’ai perdu mon emploi et je me suis retrouvée complètement démunie  financièrement sans pouvoir transférer mon propre argent du Liban vers la France. Mais, j’ai refusé de baisser les bras. Chaque fin annonce un nouveau départ.

Pendant mes deux années consécutives à la Cité internationale, j’ai été chaleureusement accueillie tout d’abord à la Maison de l’Île-de-France (en 2020-2021) puis à la Maison des étudiants de la francophonie de 2021 à aujourd’hui. En représentant mes deux maisons, j’ai remporté plusieurs prix de concours à la Cité internationale, parmi eux, le Fonds des initiatives résidentes et Jardins du monde en mouvement, où j’ai réussi à être lauréate de la 5e édition du concours. Ce projet qui verra le jour en mai 2023 raconte mon histoire. J’ai conçu un jardin éphémère et expérimental qui cherche à relier deux maisons différentes, la Maison de l’Île-de-France et sa voisine, la Maison du Liban. Pour moi, cette alliance symbolique représente le rayon d’espoir qu’apporte la France pour le Liban dans ses moments cruciaux.

En tant que résidente à la Maison des étudiants de la francophonie, j’ai eu l’initiative de créer un club écologique, intitulé éco-campus, en collaboration avec d’autres résidents de la Cité internationale. Notre club est rattaché à l’université Paris-Saclay sous le parrainage de l’Agence Universitaire de la Francophonie et fait partie du plus grand réseau des jeunes francophones dans le monde. Notre but est de laisser une empreinte positive dans notre campus à travers nos projets écologiques. C’est toute une combinaison de partenariat qui forme la richesse de notre club et lui donne une identité propre. Notre objectif majeur est d’aider le campus de la Cité internationale à obtenir le label éco-jardin. Nos projets sont également axés sur l’éco-féminisme en termes de pistes de recherches puisqu’il existe des enjeux communs et des combats convergents entre ces deux sujets.

Penses-tu que ton séjour à la Cité internationale soit un tremplin pour ton avenir ?

Absolument. La Cité internationale représente un très grand réseau qui fait émerger des connexions multinationales grâce à son ouverture à l’international. Elle facilite et optimise une meilleure insertion professionnelle dans le monde du travail grâce aux appels à projets
qu’elle propose. Ainsi, les prix que l’on peut remporter par nos participations à ces différents concours nous offrent l’opportunité de pouvoir exposer nos talents au grand public et au monde professionnel. Il faut noter que la Cité internationale a renforcé en moi l’esprit de travail en équipe, en m’encourageant à entrer en contact avec des résidents habitant dans des maisons différentes, au moment où j’avais tendance à monter des projets toute seule, en monopolisant les tâches. Mon expérience au sein de ce campus m’a prouvé que plus un projet est collaboratif et pluridisciplinaire, meilleurs sont les résultats. Nous pouvons ainsi cibler un public plus large, grâce aux intérêts communs que nous pouvons partager entre partenaires – porteurs de projets.

Si tu devais résumer la Cité internationale en un mot, lequel choisirais-tu ?

Gratitude.
La Cité internationale m’a donné généreusement (des bourses et des aides de toute sorte) marquant en moi des reconnaissances profondes de partage et de solidarité. Cette dernière a même influencé mon parcours académique, raison pour laquelle je suis actuellement mes études en entrepreneuriat à l’université Paris-Saclay. À mon tour, je voudrais exprimer mon immense gratitude envers la Cité internationale qui m’a donné beaucoup. C’est pourquoi, je travaille en tant que résidente active depuis mon arrivée sur le campus pour laisser une « trace de mon passage ». J’essaye de faire bénéficier la Cité de mes perspectives professionnelles et de mon engagement pour mes deux pays : le Liban et la France.

Taline Patchanian
Maison des étudiants de la francophonie

DES RÉSIDENTS ENGAGÉS

Les résidents sur le campus sont très engagés. Ils sont invités à s’investir dans la gouvernance, la vie collective et le développement du campus et mènent de nombreux projets participatifs. Pour construire un avenir commun, ils s’engagent sur les grands enjeux du monde contemporain en bénéficiant des échanges et des rencontres qu’ils font dans leurs maisons et sur le campus. 

Un laboratoire d’idées

Laboratoire d’idées et de création pour penser le monde de demain, la Cité internationale occupe une place singulière dans le paysage culturel parisien comme lieu de vie de la jeunesse internationale. Projets artistiques et écologiques collaboratifs foisonnent sur le campus.

Partager