Comme ce fut le cas de la Maison de l’Italie, la Maison de l’Allemagne a tardé à s’ouvrir à la Cité internationale, en raison du contexte politique de l’entre-deux-guerres, puis de la Seconde Guerre mondiale. Des contacts ont pourtant été établis dès 1927. Albert Speer, l’architecte d’Hitler, s’est mobilisé pour la création d’un pavillon allemand à la Cité internationale, mais André Honnorat a su temporiser en évitant qu’une telle construction se fasse sous l’égide du nazisme. Il a fallu attendre les années 1950 pour que le projet voie le jour grâce à des universitaires qui ont constitué un comité de soutien. L’acte de donation a été signé en 1953 et la maison a été inaugurée en 1956, en présence de René Coty, président de la République française. La maison a été la première représentation officielle de l’Allemagne en France.
La maison a le statut de Fondation reconnue d’utilité publique, dont le conseil d’administration est présidé par l’Ambassadeur d’Allemagne en France.
Le bâtiment, qui se distingue par sa radicalité et sa transparence, est composé d’un volume de quatre niveaux, précédé d’un édifice bas abritant le hall d’entrée, la salle des conférences et la bibliothèque et en rez-de-jardin, une cafétéria ouverte au public extérieur, des studios de musique et un « bar », réservés aux résidents. Il a été l’une des réalisations les plus modernes de son époque grâce à une mise en œuvre très originale associant le béton, l’acier, le verre et la pierre naturelle, utilisée aussi bien en extérieur qu’à l’intérieur. Les chambres disposent toutes d’un petit balcon à garde-corps métallique et allège vitrée, permettant d’animer la façade et rappelant les logements de l’école du Bauhaus édifiée par Gropius à Dessau en 1925.
August Rucker, de l’université de Munich, a lancé un concours pour sélectionner l’architecte à qui serait confié le projet de Maison de l’Allemagne. Johannes Krahn a été choisi à l’unanimité par le jury. Il avait déjà réalisé plusieurs équipements publics en Allemagne ainsi qu’à l’étranger et s’était surtout illustré après-guerre dans la construction de bâtiments officiels. En 1973, la maison allemande a été rebaptisée « Maison Heinrich Heine » à la mémoire du célèbre poète et écrivain allemand du 19e siècle exilé et mort à Paris, dont l’œuvre illustre les riches échanges intellectuels entre les deux pays. Cette dimension symbolique s’est concrétisée au fil des années, la maison se distinguant toujours, avec près de 200 manifestations par an, par sa programmation culturelle et intellectuelle riche et variée. La maison possède une bibliothèque dotée d’environ 20 000 volumes dont 90 % sont en langue allemande. Elle dispose de 104 logements.
Thomas von Danwitz, doctorat (1988) et habilitation en droit (1996, Université de Bonn), ENA (1990). Il est professeur de droit public allemand et européen (Bochum puis Cologne), professeur invité à Tours et à Paris I, docteur honoris causa de l’Université de Tours. Depuis 2006, juge à la Cour de justice de l’Union européenne.