02/04/2024
Entretiens Nos résidents

La Cité m'a permis de m'épanouir et m'a enseigné de précieuses leçons sur moi-même

Lara Grand
Lara Grand

Lara Grand, résidente de la Maison du Cambodge et Vice-Présidente du Bureau des Résidents, nous livre son point de vue sur son parcours, la Cité internationale et ses projets.

Peux-tu nous raconter ton parcours et ton arrivée à la Cité internationale ?

Je m’appelle Lara Grand, j’ai 23 ans et je suis originaire de l’île de la Réunion. J’ai grandi à la Réunion ainsi qu’une bonne partie de mon enfance à Madagascar, à Nosy Be. La vie sur ces deux îles m’a beaucoup sensibilisée à l’environnement et à la justice sociale, ce qui a influencé mon parcours académique, professionnel et artistique. Après avoir obtenu mon baccalauréat scientifique, je suis partie à Paris à l’âge de 18 ans pour mes études supérieures. J’ai commencé par une double licence en histoire et en science politique à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, puis j’ai effectué un stage sur un projet de l’ANRU à l’île de la Réunion, portant sur la redynamisation sociale et économique de quartiers sensibles à la Ville du Port. Par la suite, j’ai poursuivi avec un Master 1 en Études du développement et de l’environnement, spécialité Transition vers la soutenabilité, tout en effectuant un stage en agriculture urbaine pour réfléchir à des moyens d’améliorer nos villes. Actuellement, je suis en Master 2 en Gouvernance de projets de développement durable et je réalise un stage à la Chaire UNESCO Santé Sexuelle & Droits Humains.

D’un point de vue personnel, je suis une personne très polyvalente. Je suis artiste photographe, illustratrice et peintre, danseuse, passionnée par l’astronomie et l’agriculture durable (permaculture), ainsi que par le sport et l’anthropologie. Je suis arrivée à la Cité internationale universitaire de Paris lors de mon Master 1, le 1er septembre 2022, à la Maison du Cambodge. Je suis donc en cours de ma deuxième année à la Cité. Dès les premiers jours, j’ai compris que c’était un endroit extraordinairement riche et rempli d’opportunités, tant sur le plan personnel que académique. J’ai été émerveillée par le nombre incalculable d’activités libres d’accès et abordables, que ce soit en linguistique, en jardinage avec le Jardin du Monde, ou en sport… Toutes mes passions se sont trouvées réunies en un seul et même endroit. Je nageais en plein rêve. Après avoir lu le fameux guide d’accueil des résidents, je suis tombée immédiatement amoureuse de la Cité internationale universitaire de Paris. J’ai contacté Cité Souk, le Jardin du Monde, et je me suis abonnée à toutes les offres sportives de la CIUP. Ainsi, j’ai pu enfin essayer des activités que je voulais depuis longtemps, comme la boxe française, le yoga et la danse orientale. J’ai tout de suite eu envie de contribuer à ce grand et beau projet, pour lui apporter autant que ce qu’il m’a offert.

Qu’est ce qui t’a motivé à intégrer la Cité internationale ?

J’ai découvert la Cité internationale grâce à un ami de l’île de la Réunion qui m’a suggéré de poser ma candidature. La Réunion a un partenariat avec la CiuP, ce qui m’a permis de vraiment la découvrir, car avant d’arriver, je ne savais pas ce que c’était et j’étais loin d’imaginer ce que j’aurais pu manquer. Ne connaissant pas la CiuP, elle me semblait trop abstraite au départ ; principalement, c’était une motivation économique en raison de l’accessibilité des logements et des repas grâce au restaurant universitaire du CROUS disponible directement sur le campus. Ayant passé mes années précédentes dans des appartements à Paris, la CiuP m’a beaucoup aidé. De plus, étant passionné par les sciences humaines et sociales, en particulier l’anthropologie et l’internationalisme, l’interculturalité était le point fort de la Cité, d’autant plus que je voulais vraiment progresser en anglais.

C’est une motivation également artistique qui découlait de l’admiration pour la splendeur et l’authenticité historique des bâtiments de la CiuP. Chaque coin de la Cité révèle une architecture empreinte de charme et d’histoire, offrant une toile de fond idéale pour s’immerger dans une ambiance créative et inspirante.

Quant à la rencontre de personnes extraordinaires, la Cité internationale était un véritable creuset de diversité culturelle et intellectuelle. Chaque jour était une opportunité de nouer des liens avec des individus venant des quatre coins du monde, partageant des expériences, des idées et des perspectives uniques. Ces rencontres enrichissantes ont élargi mes horizons et ont contribué à forger des amitiés durables, créant ainsi un réseau mondial précieux.

Enfin, le parc, situé au cœur de Paris, offre un havre de verdure et de tranquillité au sein de l’effervescence urbaine. Pour avoir vécu trois ans dans Paris, vivre dans un lieu de détente et de ressourcement où l’on peut simplement contempler la beauté de la nature au cœur de la ville était un point salvateur pour mes études.

Quels sont tes projets et objectifs futurs ?

À la Cité internationale, les résidents ont la liberté d’initier de nombreux projets, ce qui contribue à la magie de cet endroit. Je me suis engagée dans de multiples initiatives à la Cité, et mes proches n’ont pas manqué de me taquiner en me demandant : « Quand est-ce que tu dors, Lara ? »

Tout a commencé lorsque j’ai rencontré les « Anciens » de la Cité, des résidents actifs ayant passé au moins trois ans ici, et dont les profils et les valeurs m’ont profondément inspirée. Ils ont largement contribué à me faire réaliser la magie et l’exceptionnalité de cet endroit, et je leur en serai éternellement reconnaissante. Leur rôle à la CiuP est crucial et mérite d’être mis en avant. J’ai d’abord rejoint le comité des résidents de la Maison du Cambodge en tant que responsable communication et développement durable, ce qui m’a plongée dans le monde de l’événementiel, de la gestion de projets, de la gestion d’équipe et de la communication. Au fil du temps, j’ai également découvert le design graphique, et j’ai repensé les affiches du tri sélectif de notre maison qui étaient devenues obsolètes.

Par la suite, j’ai eu l’opportunité de rencontrer Anbdou Kassimou de la Maison des Provinces de France, un « Ancien » passionné de danse hip-hop, ainsi qu’avec Corentin Chapron de la Maison des Étudiants de la Francophonie. Ensemble, nous avons lancé l’initiative de danse Hip-Afro à la fin de septembre 2022. Ce projet consistait en des ateliers de danse hip-hop et afro-dance où nous rassemblions de nombreux résidents pour danser avec nous chaque week-end, du samedi au dimanche, pendant environ huit heures. Nous avons organisé une trentaine de spectacles de danse dans différentes maisons de la Cité, avec plus d’une trentaine de chorégraphies différentes. Cette initiative a rapidement pris de l’ampleur, passant de cinq participants sur la Grande Pelouse à une trentaine de résidents chaque week-end dans la salle de la Maison des Étudiants de la Francophonie. Nous avons même été invités à performer lors du Gala de la Fête de la Cité au début du mois de mai 2023. Depuis lors, cette initiative a évolué pour devenir la Cité Afro, une communauté de résidents visant à promouvoir la culture africaine des afro-descendants à la Cité, à travers des activités telles que la danse et des conférences. Nous prévoyons notamment d’organiser un forum sur les enjeux de l’agriculture en Afrique le 13 avril 2023. De plus, nous envisageons un grand projet pour le Centenaire de la Cité en 2025, peut-être un sommet diplomatique africain entre l’Afrique et la Cité internationale universitaire de Paris, afin d’établir de nouveaux partenariats et de promouvoir davantage la communauté noire africaine à la Cité.

Ensuite, au cours de mes années à la Cité internationale, je me suis passionnée pour la peinture. Après avoir exposé lors de la Fête de la Cité, j’ai fondé Les Artistes de la Cité (@ciup.artists sur Instagram), un atelier de peinture itinérant pour les résidents, par les résidents. Nous avons commencé par peindre tous ensemble à l’extérieur, dans le parc de la Cité, chaque mercredi et dimanche. Par la suite, avec Ana Salakova et Tianjie Yin, nous avons candidaté au Fond des Initiatives Résidents (FIR) pour financer notre matériel et aller plus loin. Nous avons réalisé une première exposition permanente en septembre sur le thème « Peins ton origine », et nous avons également peint une très grande toile collective dédiée aux soixante-dix ans de la Maison du Maroc, que je tiens à remercier ici Monsieur Badiche. Nous avons organisé une exposition pour Noël à la Maison internationale, et nous avons également participé à la troisième édition des Nuits de la Poésie sur le thème de l’ « Identité.s », avec plus de vingt-cinq œuvres des résidents exposées. Nous prévoyons également une exposition pour l’Université de la Paix sur les enjeux de l’eau, avec un atelier de peinture aquarelle prévu pour le 27 avril 2024. Enfin, dans le cadre du développement durable, nous organiserons une exposition de peinture sur des objets de récupération pour Cilovi, un projet FIR pour le Low-Tech. Un gala des Artistes de la Cité est également en préparation pour célébrer la fin de l’année et favoriser les échanges entre artistes parisiens et ceux de la Cité.

En continuité, j’ai eu l’honneur d’être boursière du Mérite par la Cité internationale, puis d’être élue Vice-Présidente du Bureau des Résidents siégeant au Conseil d’Administration de la Cité. Cette responsabilité était un défi pour moi, en tant que grande timide. Avec l’équipe du Carré BDR, nous avons l’intention d’instaurer de nouvelles traditions BDR, en plus des événements déjà existants tels que le Marché de Noël, le Trivia Night, le Talent Show et la Fête de la Cité. J’ai initié et organisé, avec l’équipe, une conférence dînatoire sur la communication non verbale en contexte d’interculturalité à la Cité internationale, dans le but d’apporter une compréhension sociologique et anthropologique de la vie en communauté internationale. Nous avons eu l’honneur de recevoir le grand anthropologue Yves Winkin ainsi que la sociologue Marion Ink, qui ont beaucoup contribué, et continueront à le faire pour les résidents et les membres de l’administration. L’objectif est de lancer des ateliers et des formations sur la vie en communauté dans l’interculturalité pour favoriser le vivre ensemble. Je coordonne également la commission développement durable BDR créée cette année, un groupe de travail visant à faire progresser les initiatives écologiques à la Cité internationale, notamment pour la Fête de la Cité. En qualité de Vice-Présidente, je me suis engagée à écouter toutes les voix de la Cité, à les comprendre et à les soutenir pour que nous travaillons tous en synergie.

J’ai enfin intégré plusieurs autres projets admirables comme celui du Jardin du Monde qui me paraît être un lieu pour se ressourcer à la Cité. Il nous permet de nous servir réellement de nos mains pour construire des choses concrètes et cela est très thérapeutique, en plus de cultiver et manger ses propres légumes. J’ai rejoint dernièrement l’équipe de Diplo Cité pour coorganiser des ateliers/forum sur des enjeux importants tel que le féminisme, l’agriculture en Afrique, l’eau et bien d’autres encore.

Les objectifs futurs, me concernant, sont de voyager partout dans le monde, d’apprendre à parler plusieurs langues, de travailler dans une Organisation Internationale notamment sur des projets de nutrition/agriculture. D’un point de vue artistique, je souhaite continuer à développer mes peintures pour les exposer à la Cité internationale et dans Paris. Sinon, je souhaiterai avoir un jour mon atelier de peinture original et unique tourné sur l’environnement et le développement durable, dans un environnement tropical. Un de mes plus grands rêves, serait de laisser une marque durable et positive à la Cité pour la remercier, comme voir se créer un véritable atelier de peinture géré par la Cité, comme un service culturel de la Cité, avec un abonnement comme le service des sports. C’est ce qui manque ici, et la popularité des Artistes de la Cité en démontre le besoin. Je rêve qu’un véritable atelier officiel naisse de cette simple initiative et qu’il participe à faire rayonner la Cité dans Paris artistiquement …

Penses-tu que ton séjour à la Cité internationale soit un tremplin pour ton avenir ?

Oui, la Cité internationale m’a permis de m’épanouir et m’a enseigné de précieuses leçons sur moi-même. J’ai développé un intérêt pour l’entrepreneuriat, un domaine auquel je n’aurais jamais pensé m’impliquer auparavant. Je suis maintenant en charge d’animer des réunions en anglais ainsi que divers ateliers. Cette expérience m’a donné confiance en moi et m’a fait comprendre que rien n’est impossible, il suffit simplement de concrétiser ce que l’on a en tête. Mais un héros n’existe pas, ce n’est qu’une personne qui est l’incarnation de plein d’autres. J’ai rencontré des personnes humainement riches qui ont tout rendu possible. La liste serait longue, mais j’ai à cœur de remercier particulièrement Tangi Bertin pour son soutien, Ana Paixao, qui est un pilier pour moi et une personne formidablement inspirante, ainsi que Julie Peghini, directrice de Lucien Paye ; rien, ni personne ne pourra arrêter leurs rêves et leur dynamisme. Je tiens également à remercier l’ensemble de la Commission Vivre Ensemble et l’équipe de la Fondation nationale. J’ai aimé collaborer avec eux, et je le referai avec tout le plaisir du monde.

Si tu devais résumer la Cité internationale en un mot, lequel choisirais-tu ?

Je choisirai le mot « Oasis ». La Cité internationale est pour moi une vraie oasis dans Paris. Elle m’a permis de me ressourcer, de m’y abriter et de développer tout ce que je suis. Comme une oasis rassemble des populations diverses dans la paix, la culture et la diplomatie, la Cité internationale unit des individus autour d’un objectif commun. Quand on découvre une oasis, on n’en profite tant que l’on peut pour se restaurer, afin de mieux reprendre le chemin aventureux de la vie.

Lara Grand
Résidente de la Maison du Cambodge 

DES RÉSIDENTS ENGAGÉS

Les résidents sur le campus sont très engagés. Ils sont invités à s’investir dans la gouvernance, la vie collective et le développement du campus et mènent de nombreux projets participatifs. Pour construire un avenir commun, ils s’engagent sur les grands enjeux du monde contemporain en bénéficiant des échanges et des rencontres qu’ils font dans leurs maisons et sur le campus. 

Un laboratoire d’idées

Laboratoire d’idées et de création pour penser le monde de demain, la Cité internationale occupe une place singulière dans le paysage culturel parisien comme lieu de vie de la jeunesse internationale. Projets artistiques et écologiques collaboratifs foisonnent sur le campus.

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