Directrice de la maison
En entrant sur le campus, je quitte un territoire familier, celui de Paris ma ville natale et d’études (LEA à la Sorbonne) pour en rejoindre un autre. La vue du Collège, de ses bow windows et de ses briques rouges me replonge immédiatement dans le souvenir des années passées à étudier et à travailler au Royaume-Uni. Après une thèse de doctorat en sciences sociales à l’Institute for German Studies de l’Université de Birmingham, j’ai travaillé comme chercheuse post-doc avec des géographes et sociologues britanniques. Ici nous sommes sur le campus de toutes les universités, où j’ai tant aimé étudier et travailler, Cambridge, Edimbourg, Glasgow, Kingston, Lancaster, Loughborough ou encore Aberdeen. De retour à Paris, j’ai travaillé pour l’OCDE avant d’être nommée maîtresse de conférences en études anglophones à l’Université de Franche-Comté. Depuis 2012, j’enseigne au département des Langues Étrangères Appliquées de l’Université Paris-Est Créteil. J’y co-dirige un Master en études anglophones. Mon double rôle en qu’enseignante-chercheuse et en tant que directrice de maison m’amène à construire des passerelles entre des univers et des populations beaucoup plus proches qu’il n’y parait au premier abord.
Même si contrairement aux campus traditionnels, la Cité ne propose pas d’enseignement mais seulement du logement, elle ne peut être considérée comme un simple lieu d’hébergement ou de passage. C’est un lieu de convivialité et de partage où l’on peut s’arrêter et prendre le temps d’écouter les autres (tout comme le son des oiseaux qui profitent eux aussi de la biodiversité du parc !). L’élaboration de projets portés par les comités de résidents, la pratique du sport, le partage de repas, la participation à des ateliers de peinture, de danse, des projections de films, des concerts et autres moments festifs concourent à l’expérience unique d’échanger, de rire, de s’amuser, d’imaginer, de créer, de vivre… ensemble.
Ce qui est également unique tient au fait que le campus est ouvert sur la ville et ses habitants, elle ne fonctionne pas en vase clos. Les parisien·nes viennent s’y détendre en famille, promener leur chien ou y faire leur jogging quotidien. La Cité permet que se côtoient des populations diverses, ce qui est très fertile.
Le Collège héberge environ 250 résident·es d’une cinquantaine de nationalités. Un immense brassage d’origines auquel s’ajoute un vaste éventail de disciplines universitaires représentées, encourageant l’interdisciplinarité. Ce croisement des regards est une faculté indispensable pour face aux enjeux de notre siècle. Par ailleurs, les espaces communs de la maison (bibliothèque, foyer, grand salon, auditorium) et son grand jardin impulsent l’organisation d’activités ludiques et créatives. Les ancien·nes résident·es reviennent parfois et témoignent de l’importance du rôle joué par la maison dans leurs vies : des amitiés, un réseau, des souvenirs… En somme, le regard porté par les résident·es sur le monde qui les entoure ne peut être qu’un regard éclairé qui saura inspirer leur parcours.
Décloisonnement. La Cité permet de faire tomber les nombreuses barrières symboliques ou matérielles qui enferment les individus dans l’incompréhension et la peur de l’autre. Plus on décloisonne, plus on facilite l’apprentissage par la découverte, le partage et le vivre-ensemble.
La Cité encourage chacun.e à faire preuve de curiosité et à aller à la rencontre d’autrui. Elle est à la fois une institution et un lieu qui rappellent l’attachement de l’humanité aux valeurs de la démocratie, de la solidarité, de la diversité, de la paix et de la justice sociale.
Vanessa Scherrer est déléguée générale de la fondation nationale Cité internationale universitaire de Paris. Elle a été nommée le 11 janvier 2024 par une décision conjointe du président du conseil d’administration de la fondation nationale et du recteur de la région académique d’Île-de-France, recteur de l’académie de Paris, chancelier des universités de Paris et d’Île-de-France.