Permettre à une nation de renaître

A la suite du génocide de 1915, les survivants ont été dispersés sur les cinq continents. Après une courte indépendance de deux ans, la petite République d’Arménie a été conquise et occupée par les Soviétiques en 1920. En 1927, le diplomate et philanthrope arménien, Boghos Nubar, a demandé à Léon Nafilyan de reconstituer au sein de la Cité internationale une petite Arménie au moment même où Alexandre Tamanian, un talentueux architecte arménien formé dans l’Empire russe, bâtissait une nouvelle « Cité-mère », Erevan, pour en faire la capitale de l’Arménie. En 1927, Boghos Nubar a fait une donation de trois millions de francs à la Cité internationale pour financer l’édification d’un pavillon arménien. Il souhaitait favoriser l’émergence d’une nouvelle élite pour son peuple. La Maison des étudiants arméniens a été inaugurée le 16 décembre 1930, six mois après la mort de son fondateur. À son inauguration, elle représentait une nation qui, dix ans plus tôt, venait de perdre sa souveraineté. Un tel projet était l’occasion pour son fondateur, Boghos Nubar Pacha, philanthrope et fils d’un premier ministre égyptien célèbre, de regrouper à Paris les jeunes représentants d’une nation dispersée dans le monde entier.

La Maison des étudiants arméniens-Fondation Marie Nubar dispose de 74 logements. Elle est gérée par la fondation nationale Cité internationale universitaire de Paris.

Une façade ornée de motifs sculptés

Les façades  sont ornées de frises en bas-reliefs à motifs géométriques et floraux, de médaillons et de cadrans solaires, inspirées de ceux de la cathédrale de Zvartnots (VIIe). Les hautes arcatures à double colonnette qui encadrent les travées des fenêtres sont reliées en partie haute par des frises en arc décorées de motifs végétaux. Une autre frise horizontale  composée  de motifs à rinceaux et intégrant dans ses branches des représentations variées d’animaux, court sur toutes les façades du bâtiment. L’ensemble de ce riche décor est inspiré de certaines églises médiévales comme celles de la Sainte-Croix d’Aghtamar (Xe) et de Grégoire l’Illuminateur, dite de Tigran Honents (XIIIe) de la ville d’Ani. 

Un style destiné à perpétuer le faste d’une culture artistique ancestrale.

Le bâtiment est l’œuvre de l’architecte Léon Nafilyan, installé à Paris dans les années 1920. Il a conçu le projet dans un style qui perpétue les traditions architecturales arméniennes en empruntant à l’architecture religieuse les principales caractéristiques du décor sculpté qui orne les façades du pavillon. Baptisée du nom de l’épouse du fondateur, cette maison était à l’origine l’une des plus petites de la Cité internationale. Une galerie couverte, aujourd’hui fermée, relie la Maison des étudiants arméniens à la Maison des Provinces de France. 

Alumnus célèbre

Ancien résident célèbre, Hovhannes Tchekidjian, né le 23 janvier 1929 à Constantinople, est un chef d’orchestre de renommée internationale. Sous sa direction depuis 1961 le Chœur d’État d’Arménie, devenu Chœur national académique d’Arménie, a joué sur les scènes du monde entier avec 67 orchestres symphoniques. Il a dirigé le Chœur national académique d’Arménie lors d’un concert exceptionnel le 13 novembre 2019 dans la salle des fêtes de la Fondation Biermans-Lapôtre à l’occasion des 90 ans de la maison.