14/05/2024
Ciel&espace
Sciences

Le modèle de Nice raconte nos origines

En 1993, il y a tout juste 30 ans, le sénateur du Nevada Richard Bryan se vantait d’avoir obtenu l’annulation d’un programme de la Nasa, signant ainsi « la fin de la chasse aux Martiens aux frais du contribuable ». Une dépense de 60 millions de dollars, soit 0,3% du budget annuel de l’agence américaine, pour un programme d’écoutes radio dédié à la recherche de signaux artificiels. Deux ans plus tard, Michel Mayor et Didier Queloz – un suisse et un français - découvraient la première planète extrasolaire et relançaient l’idée d’une pluralité de mondes habitables et peut-être… habités.

Sans aucun doute, la question de l’existence d’une vie « ailleurs » dans l’Univers fascine le plus large public et la société toute entière. Et sa perception a bien changée. D’autant que, les progrès de l'astronomie aidant, le sentiment général est que nous n’avons jamais été aussi prêts à découvrir les signes d’une activité biologique sur une autre planète que la Terre. Que ce soit dans les couches sédimentaires de la planète rouge – où l’on en recherche les traces fossiles – ou dans l’atmosphère d’une exoplanète éclairée par son étoile, l’armada de sondes, de satellites et de télescopes spatiaux et terrestres dédiés laisse penser que la quête est proche d’aboutir. Pour obtenir une réponse basée sur des faits, un ambitieux programme de recherche interdisciplinaire piloté par le CNRS est lancé : le PEPR « Origins ». Coordonné par Maud Langlois et Alessandro Morbidelli, il tentera de répondre aux questions sur l'apparition de la vie grâce à des technologies innovantes et de nouveaux instruments. 

Alain Cirou reçoit Alessandro Morbidelli, astronome et planétologue, directeur de recherche CNRS au Laboratoire J-L Lagrange à l’Observatoire de la côte d’Azur, passionné de mécanique céleste, il est mondialement connu pour avoir formulé le modèle de Nice, qui montre que la structure actuelle du Système solaire est le résultat d’une phase d’instabilité pendant son évolution. Il préside le groupe thématique Système solaire du Centre national d’études spatiales (CNES) depuis 2019. En 2023, il devient titulaire de la chaire « Formation planétaire : de la Terre aux exoplanètes » au Collège de France.

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A propos de la série

Le Club des chercheurs de la Cité internationale universitaire de Paris, hébergé à la Fondation Victor Lyon, s’est associé à l’association française d’astronomie et le magazine Ciel & Espace pour organiser mensuellement de grands entretiens avec des experts scientifiques. Dans un monde saturé d’informations, toutes circulant à la vitesse de la lumière et se chassant mutuellement, il est salutaire de faire une pause. Parce que tout va trop vite, et qu’il convient de trier entre l’important et le superflu, distinguer les faits de la communication, de la propagande, dans les sciences de l’Univers – comme dans la société – il est plus que jamais nécessaire de se donner du temps : le temps de la réflexion. C’est le projet de ces « Grands entretiens » : se donner le temps d’aller au fond des sujets. Les grands entretiens de Ciel et Espace sont organisés en partenariat avec le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, la Cité internationale universitaire de Paris, le club des chercheurs de la Fondation Victor Lyon et la Ville de Paris.