19/05/2025
Entretiens Centenaire Arts

L'exposition JEMONDE se respire et se raconte : rencontre avec Maud Louvrier Clerc

À l’occasion de son centenaire, la Cité internationale universitaire de Paris rend un hommage sensible à ses résidents avec JEMONDE, L’ÂME DE LA CITÉ, une exposition inédite présentée dans le hall de la Maison internationale jusqu’au 31 août 2025.

L’exposition est le fruit du travail de Maud Louvrier Clerc, artiste à l’univers profondément poétique qui a pu compter sur la participation active de plusieurs maisons du campus : la Maison de Norvège, la Maison de l’Île-de-France, la Résidence Julie-Victoire Daubié, la Fondation Lucien Paye, la Maison de l’Italie, la Fondation de Monaco, la Fondation suisse, la Maison des étudiants canadiens et la Fondation Avicenne. Pour donner corps à ce projet, des résidents, lors d’ateliers, ont chacun écrit leur « portrait d’âme » sous forme de poèmes, qui sont à découvrir exposés dans le hall de la Maison internationale. Et parce que l’odorat joue un rôle essentiel dans notre perception du monde, l’artiste a développé un dispositif olfactif facilitant l’écriture de son portrait d’âme, accompagnant la lecture de ceux des autres et ancrant le souvenir de ce dialogue, en partenariat avec le Studio des parfums.

Pour l’occasion, l’artiste Maud Louvrier Clerc répond à nos questions.

La Cité internationale universitaire de Paris n’est pas un lieu d’exposition anodin. En cette année de centenaire, quels aspects du campus vous ont particulièrement séduit  ?

La Cité internationale universitaire de Paris est un lieu qui m’a particulièrement attiré pour deux raisons principales : il est à la fois inspirant et exigeant. Inspirant, car le dialogue interculturel y est foisonnant et propice à des découvertes. Exigeant, car son public est principalement composé d’étudiants de plus de 150 nationalités ! Y exposer c’était ainsi avoir un retour instantané du monde sur mon travail. Ma recherche-action JEMONDE a reçu un très bel accueil, ce qui confirme son caractère universel et m’encourage à la diffuser à l’étranger demain.

Exposer à la Cité internationale c'est avoir un retour instantané du monde sur mon travail"

Maud Louvrier Clerc

Votre création olfactive évoque l’essence des origines diverses de tous ces résidents. Quelles matières premières ou senteurs vous ont le plus inspirée, et pourquoi ?

Le parfum JEMONDE 2025 entend en effet provoquer un voyage autour du monde. Mon intention est que chacun y retrouve un peu de lui et y découvre un peu de l’autre. La figue fait par exemple partie de la composition du parfum. Elle permet une évocation des pays méditerranéens, il suffit de fermer les yeux pour se retrouver en Italie, en Espagne ou en Tunisie. La fraicheur du bambou peut nous amener en Chine, l’encens au Moyen Orient, le bois de Sental en Inde …

Les principales fragrances du parfum JEMONDE 2025 sont pour les notes de tête : le lotus , le thé vert, le cassis, le bambou, le grenadier, la lavande sauvage et le pamplemousse ; pour les notes de cœur : la figue, la cannelle, le jasmin, le safran et le muguet et enfin pour les notes de fond : l’iris, l’encens, le bois de cachemire, l’ambre vert et le santal.

Qu’est-ce qui vous a inspiré l’idée des portraits d’âme ?

JEMONDE est née en 2014 dans le cadre du programme artistique et culturel DANS QUELLE VIE TU MONDE(S)? dont l’objectif était de favoriser un dialogue franco-chinois sur l’art et l’environnement. Et les portraits d’âmes sont le fruit de quatre sources d’inspiration qui s’entremêlent.

La première source d’inspiration relève à la fois de l’anthropologie et de l’histoire de l’art et issue de ma curiosité pour l’autre. Les portraits ont marqué l’histoire de l’art, mais les représentations restaient exclusivement corporelles, le mystère de l’âme y demeurait inaccessible. Pour capter l’esprit de mes contemporains et en permettre une lecture et compréhension aux générations futures, il m’est apparu nécessaire de réaliser une innovation disruptive : capturer l’essence de l’être à travers les quatre phrases pour composer un portait d’âme.

La deuxième inspiration est politique. J’ai en effet imaginé le protocole JEMONDE en 2014, année de préparation de la COP25. A l’époque, je regardais attentivement comment les différents Etats avançaient sur leurs engagements respectifs et il m’est apparu évident qu’il fallait aussi interroger les citoyens sur les leurs.

La troisième source inspiration est poétique. Le portrait d’âme s’entend comme une réponse à « Ô moi, ô la vie » de Walt Whitman et plus particulièrement à sa dernière phrase « tu es ici (…) la vie existe (…) le puissant spectacle continue et tu peux y apporter ta rime. » Feuilles d’herbe (1872).

Enfin, la quatrième source d’inspiration est scientifique. Le portrait d’âme s’inscrit dans un rond, telle une goutte d’eau écrasée sur une lamette avant d’être observée au microscope.  Je souhaitais aussi insister sur cette notion de l’individu, lui-même cellule d’un corps plus vaste que lui, la Terre.

Que signifie JEMONDE pour vous ?

JEMONDE est une exploration poétique et citoyenne de l’anthropocène. Elle permet de mieux se connaître pour mieux se comprendre pour prendre soin de la Terre. C’est aussi une archive de l’esprit de notre temps pour les générations futures.

UN CENTENAIRE À VIVRE. UN LIEU DE PAIX À DÉCOUVRIR

En 2025, la Cité internationale universitaire de Paris fête ses 100 ans. Cet anniversaire historique est une opportunité unique de réaffirmer un siècle d’engagement pour la paix, le dialogue des cultures et la solidarité. De mars à décembre 2025, le campus vibrera au rythme d’événements culturels, scientifiques et festifs ouverts à tous. Une programmation à retrouver sur centenaire.ciup.fr.

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