André Honnorat
Paul Appell
Émile Deutsch de la Meurthe
Jean Branet
David David-Weill
Lucien Bechmann
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André Honnorat (1868-1950)

Ministre de l’Instruction publique et des beaux-arts de janvier 1920 à janvier 1921, André Honnorat a été le principal fondateur de la Cité internationale universitaire, dont il a été président depuis sa création jusqu’en février 1948. Dès 1919, il formule le vœu de créer « un lieu où les jeunes de tous les pays puissent, à l’âge où l’on fait des amitiés durables, avoir des contacts qui leur permettent de se connaître et de s’apprécier ».

Né à Paris, d’une famille de commerçants implantée à Lyon, André Honnorat ne termine pas ses études secondaires en raison des difficultés financières de son père et, suivant l’exemple de sa mère, fait ses débuts dans le journalisme. Secrétaire de l’écrivain et homme politique Henry Fouquier, il fonde en 1896 l’Alliance nationale contre la dépopulation et démarre une carrière dans l’administration publique.

Dreyfusard de la première heure, il se lance en politique sur les listes de la Gauche radicale démocratique. Député des Basses-Alpes de 1910 à 1921, puis sénateur de 1921 à 1945, inscrit au groupe de l’Union républicaine, André Honnorat est un réformateur social à l’origine de diverses mesures aujourd’hui entrées dans les mœurs, la plus connue étant l’instauration de l’heure d’été en France.

Dès la déclaration de guerre en août 1914, il est l’un des rares parlementaires à s’enrôler comme volontaire, à l’âge de 46 ans, avant d’être démobilisé pour des problèmes de santé.

Passionné d’histoire et soucieux des questions patrimoniales, il fait adopter en 1917 une résolution instituant la Bibliothèque-musée de la Guerre (aujourd’hui dénommée La contemporaine. Bibliothèque, archives, musée des mondes contemporains) puis fonde la Société d’histoire de la guerre. Très actif, il s’engage notamment pour promouvoir l’éducation populaire, les pratiques d’hygiène, les retraites ouvrières et paysannes, la caisse nationale pour la vieillesse et l’utilisation de l’énergie hydraulique. En 1919, il est l’auteur d’une loi qui porte son nom instituant la création d’un sanatorium par département et en 1927, le promoteur de la loi qui permet une plus large acquisition de la nationalité française, avec la diminution de l’importance accordée au « droit du sang ». Il contribue d’ailleurs à jeter les bases d’un système d’allocations familiales, en accordant des subventions aux femmes enceintes et des dégrèvements fiscaux pour les familles nombreuses.

Au cours de son bref passage au ministère de l’Instruction publique et des beaux-arts, il coordonne deux événements emblématiques : l’inhumation de la dépouille du Soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe et le transfert au Panthéon de l’urne contenant le cœur de Gambetta.

Durant sa longue carrière, André Honnorat a fondé, présidé ou été membre d’un très grand nombre d’organismes et associations à vocation scientifique, civique ou sociale. Président du Comité national de défense contre la tuberculose depuis 1925 et membre de l’Institut Pasteur de 1932 à 1934, il est l’un des promoteurs de la législation antituberculeuse, qui participa à l’édification d’un système de santé publique en France.

Pendant la Première Guerre mondiale, il avait œuvré en faveur de l’accueil des réfugiés universitaires, au cours des années 30 et, jusqu’au second conflit, il porte secours aux victimes de l’antisémitisme fuyant les persécutions. Personnage extrêmement éclectique, il s’attache à mettre en application ces préoccupations hygiénistes et sociales avec une ferme volonté de contribuer au rayonnement culturel de la France à l’international. Président de la Cité internationale jusqu’en 1948, il multiplie les rencontres, les conférences et les échanges culturels internationaux pour réunir les fonds nécessaires aux nouvelles maisons. Inlassable voyageur, il traverse le monde des décennies durant, de l’Europe aux Amériques, du Proche-Orient à l’Asie.

Après la défaite française en 1940, il compte parmi les parlementaires qui refusent de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Il se retire alors de la vie politique et achève sa carrière comme membre de l’Institut de France, où il est élu en février 1947. Ses dernières années seront dédiées à la Cité internationale à laquelle il aura voué trente ans de sa vie.

Paul Appell (1855-1930)

Paul Appell, l’un des initiateurs de la Cité internationale universitaire, est un mathématicien célèbre, professeur puis doyen de la Faculté des sciences de Paris, recteur de l’Université de Paris, membre de l’Académie des sciences et également premier président du Secours national.

Né à Strasbourg en 1855 dans une Alsace qui sera française seize ans encore, docteur ès sciences, pédagogue passionné, Paul Appell est l’auteur d’une considérable œuvre scientifique. Ses travaux mathématiques s’étendent de la mécanique rationnelle et la géométrie projective à l’analyse complexe. En 1889, il est lauréat, ex-aequo avec Henri Poincaré, du concours international des mathématiques organisé par le roi de Suède et de Norvège Oscar II.

Elu membre de l’Académie des sciences en novembre 1892, président de l’Académie et de l’Institut en 1914, il arrive au sommet de sa carrière lorsque la guerre éclate. Il participe alors à la fondation du Secours national, dont il sera le premier président. Cet organisme est créé en août 1914, à l’initiative d’Albert Kahn, pour solliciter des souscriptions en faveur des militaires et de leurs familles, et des populations civiles victimes de la guerre. Il s’agit d’une œuvre caritative considérable qui, sous sa présidence, réunira jusqu’à 65 millions de francs.

En 1918, il préside le comité exécutif de l’Association française pour la Société des Nations (AFSDN) qui pose les bases de la future Société des Nations. Cette association est porteuse d’idées pionnières en matière de paix et de droit international, allant du contrôle des armements à la conception d’un tribunal entre les nations, future Cour internationale de Justice.

Nommé recteur de l’Académie de Paris en 1920, à la mort de Lucien Poincaré, il est très sensible aux conditions de vie et aux difficultés matérielles des étudiants. Grâce au financement du banquier David David-Weill, qui comme lui sera également impliqué dans la création de la Cité internationale universitaire, il est à l’origine du premier restaurant universitaire, rue Pierre Curie, ouvert à la fin de la guerre.

Il est par ailleurs engagé sur plusieurs fronts : justice sociale, promotion de la recherche et de la solidarité internationale. Sous son égide, diverses organisations et aides sociales sont fondées : repas populaires, prêts pour les chômeurs, crèches. Pour favoriser la recherche, il constitue un fonds d’aide à la recherche scientifique, qui ouvrira la voie au futur CNRS. Sans oublier son engagement en faveur de Dreyfus : Appell compte parmi les signataires du Manifeste des intellectuels paru dans l’Aurore en janvier 1898, puis intervient comme expert à la révision du procès en 1906. Ardent patriote, il salue dans ses mémoires, sous le titre de Souvenirs d’un alsacien, le retour de l’Alsace à la France en 1918.

Émile Deutsch de la Meurthe (1847-1924)

Industriel prospère à la direction de la société pétrolière qui deviendra en 1922 les Pétroles Jupiter et ensuite Shell-France, Émile Deutsch de la Meurthe souhaite consacrer sa fortune à « une œuvre durable ». Comme André Honnorat et Paul Appell, il travaille à la consolidation de la paix en œuvrant pour la jeunesse étudiante. Il offre ainsi dix millions de francs-or pour acheter des terrains et construire des logis « salubres et aérés » destinés à accueillir des étudiants dans de bonnes conditions matérielles et hygiéniques. Première résidence de la Cité internationale, la Fondation Deutsch de la Meurthe ouvre ses portes en 1925.

D’une modeste famille juive venue de Lorraine, Émile Deutsch est né à La Villette, alors commune francilienne industrielle. Représentant emblématique de la nouvelle bourgeoisie d’affaires de la fin du 19e siècle, il transforme la petite raffinerie d’huiles végétales de son père et devient, en association avec son frère, l’un des précurseurs de la prospère industrie pétrolière française, avec un rayonnement à l’international.

Grâce aux liens matrimoniaux, la famille Deutsch intègre la haute bourgeoisie parisienne et rallonge le patronyme en ajoutant le suffixe « de la Meurthe ». L’attachement de la famille aux valeurs républicaines s’exprime dans des actions philanthropiques de grande ampleur. Tandis que son frère Henry, mélomane et pionnier de l’automobile et de l’aviation, subventionne des institutions musicales et aéronautiques, Émile préfère soutenir des œuvres éducatives. Il participe notamment en 1915 à la création d’une société en faveur des orphelins israélites, dont la vocation est de tisser des relations outre-Atlantique en sensibilisant de riches donateurs américains. Pour Émile Deutsch de la Meurthe : « aider nos étudiants, c’est aider la France », comme il l’écrit dans une lettre au recteur Paul Appell. Et c’est à ce dernier qu’il propose de faire une donation en vue de la construction de logements amples et verdoyants, selon les conceptions hygiénistes répandues à l’époque, et destinés à accueillir 350 étudiantes et étudiants « peu fortunés » de l’université de Paris. Le recteur le met en contact avec André Honnorat, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts et, une année après la promesse de don, l’acte de donation est signé en janvier 1923.

Jean Branet (1868-1954)

Jean Branet entreprend une carrière dans l’administration préfectorale avant d’intégrer le ministère des Finances. Conseiller d’État, il collabore avec André Honnorat à la création et à la gestion de la Cité internationale. Il s’occupe particulièrement de la rédaction administrative et juridique de la Fondation nationale pour le développement de la Cité universitaire de Paris, dont il rédige les statuts, les conventions et les premiers actes de donation. Il est le véritable administrateur de la Cité dans les années 1930, dont il devient le premier secrétaire général à partir de 1925 et le vice-président à la fin des années 1940.

Natif d’une commune située dans le département du Gers en région Occitanie, licencié en droit, Jean Branet est préfet de Vendée de 1905 à 1907, ensuite préfet honoraire de la Seine et directeur général des douanes au ministère des Finances en 1911. Conseiller d’Etat, il prend congé de la fonction publique et embrasse une carrière dans le secteur privé. Président de la Chambre syndicale de l’industrie du pétrole, il est également le président du conseil d’administration des Pétroles Jupiter, la société issue de la fusion de la maison d’Émile Deutsch de la Meurthe avec la Royal Dutch Shell.

En 1916, Jean Branet compte parmi les fondateurs de la Fondation Odilon Lannelongue, du nom de son oncle, chirurgien réputé et professeur à la faculté de médecine de Paris. Cet institut, toujours en activité à Vanves, avait pour but d’offrir une assistance médicale ouverte à tous et à l’avant-garde du progrès scientifique. C’est en son sein que le docteur Emile Roux, directeur de l’Institut Pasteur, organisera une école pour former des hygiénistes, luttant notamment contre la tuberculose, et que le docteur Albert Calmette créera un centre de vaccination.

Suivant l’exemple de la Fondation Lannelongue, Jean Branet propose de reprendre la même forme juridique novatrice pour la Cité universitaire. La fondation a pour objet la recherche des financements auprès des gouvernements étrangers et des mécènes français et étrangers. Par ailleurs, l’originalité de cette construction juridique est d’être basée sur trois niveaux : la fondation, la convention qui la lie à l’Université de Paris, les maisons jouissant d’une certaine autonomie.

David David-Weill (1871-1952)

David David-Weill, banquier et financier, fait don de plusieurs millions de francs-or à la Cité internationale, dont il a été également le premier trésorier et le vice-président dès sa création jusqu’à son décès. Une avenue traversant la Cité porte son nom en son hommage.

Né à San Francisco dans une riche famille juive d’origine lorraine, David David-Weill revient en France à l’âge de treize ans. Après avoir fréquenté le Lycée Condorcet de Paris, où il a été condisciple de Marcel Proust en classe de philosophie, il suit des études de droit. Diplômé de Sciences Po, il rejoint la banque Lazard, entreprise franco-américaine cofondée par son père, en tant qu’associé-gérant. De 1934 à 1936, il sera régent de la Banque de France.

Il est volontaire dans la première guerre mondiale depuis le début du conflit, comme lieutenant puis capitaine, au service des Chemins de fer et des étapes.

Bibliophile, grand passionné et collectionneur d’art, il dirige les musées nationaux entre 1932 et 1940 et en 1934 est élu à l’Académie des beaux-arts. Son philanthropisme le porte à effectuer plusieurs donations à des institutions muséales : Musée du Louvre, Musée Carnavalet, Musée Guimet ou encore à l’Union centrale des arts décoratifs (aujourd’hui MAD), dont il a été également vice-président à partir de 1923. Président et membre de maintes institutions culturelles, comme le Conseil des amis de Versailles, les Amis de la Bibliothèque Forney, le conseil du Musée Rodin ou la Société des amis de la bibliothèque d’art et d’archéologie Jacques Doucet (actuelle bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art-INHA). On compte aussi ses legs à de nombreuses universités, comme celles de New York, Leyde, Hambourg, Honolulu ou Stockholm ; bibliothèques, comme celle du Musée de l’homme ou la Bibliothèque nationale de France ; institutions philanthropiques : orphelinats, hôpitaux, immeubles populaires, dispensaires antituberculeux, ateliers de rééducation pour mutilés de guerre.

David David-Weill, qui avait financé le premier restaurant étudiant, rue Pierre et Marie Curie, voulu par le recteur Paul Appell à la sortie de la guerre, réalise la première donation qui permettra la création de la Fondation nationale pour le développement de la Cité universitaire de Paris, la base juridique pour l’évolution du projet.

Lucien Bechmann (1880-1968)

Architecte-conseil de la Fondation, Lucien Bechmann est chargé de dessiner le plan d’ensemble de la Cité et lui donner son caractère de « cité-jardin » alliant espaces bâtis, espaces de promenade et terrains de sport.

Lucien-Adolphe Bechmann est l’architecte conseil de la Cité des origines aux années 50. Il est notamment l’architecte de la Fondation Deutsch de la Meurthe, première maison de la Cité internationale. Fils de l’ingénieur en chef des Ponts et chaussées Georges Bechmann (1848-1927), Lucien-Adolphe Bechmann naît le 25 juillet 1880 à Paris. Admis à l’École des beaux-arts de Paris en 1898, il poursuit brillamment ses études dans l’atelier Laloux et est diplômé en 1905.

Le premier architecte de la Cité

Après la première guerre mondiale, Émile Deutsch de la Meurthe lui confie, ainsi qu’à Jean-Claude Nicolas Forestier et Léon Azéma, le plan d’ensemble de la Cité universitaire internationale de Paris. Il en réalise le premier groupe de pavillons, celui de la Fondation Deutsch de la Meurthe. Lucien Bechmann choisit, suivant sa propre expression, un bâtiment de style rustique, en brique, comparable à l’architecture des collèges britanniques. La critique lui reproche l’adoption du style oxfordien pour une fondation française, ce qu’il accepte et récuse tout à la fois, affirmant s’être inspiré du moyen-âge français mais ajoutant: « C’est l’éternelle histoire : ce qui est inventé, ce qui naît chez nous, n’est ni compris ni apprécié. L’étranger s’en empare. Et plus tard, nous voyons revenir notre enfant et nous ne le reconnaissons pas. »

L’architecte conseil de la Cité

Parallèlement à ses réalisations, Lucien Bechmann sera l’architecte conseil de la Cité pendant trente ans (1923-1953). Au début des années trente, Lucien Bechmann conçoit six projets successifs pour la réalisation de la future Maison internationale, le bâtiment abritant les services communs de la Cité. Le mécène John D. Rockefeller qui finance le bâtiment impose des entreprises américaines et un architecte américain, J. F. Larson. Lucien Bechmann se retire pour ne pas compromettre l’opération et demeure architecte conseil. Il réalise cependant en son nom propre les deux pavillons d’entrée. Après le second conflit mondial, il est chargé de la reconstruction des pavillons endommagés par cinq années d’occupation et construit également le pavillon Victor Lyon (1950).

Cité 2025 : un développement historique

La Cité internationale connaît aujourd’hui une nouvelle phase de développement marquante. D’ici à 2025, soit 100 ans après sa création, elle accueillera 10 nouvelles maisons et modernisera l’ensemble de ses services. Découvrez cette nouvelle étape de l’évolution du campus.

Découvrez un patrimoine exceptionnel

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