Impromptissimo revient à la Maison de l’Île-de-France. Au fil des années, ces concerts de musique improvisée sont devenus des incontournables dans la programmation culturelle riche de la maison. Rencontre avec le créateur du projet, le contrebassiste Fred Marty.
Née dans les années soixante en Europe occidentale, la musique improvisée est basée sur l’instant et l’éphémère. Bien que très répandue, elle demeure méconnue du grand public et est souvent très incomprise. Cette musique ou pratique comme certains la définissent casse les codes usuels ainsi que l’ordre hiérarchique et fonctionnel qu’imposent les musiques écrites sur l’instrumentarium et les musiciens. Très souvent, certains artistes musiciens inventent leur propre dispositif instrumental ou élargissent le spectre du possible pour un instrument plus traditionnel avec des techniques étendues.
Les artistes qui jouent dans Impromptissimo sont des musiciens, hommes et femmes, engagés, ayant une longue pratique de cette musique non-idiomatique, libérée des préceptes et codes usuels générés par la musique dite « traditionnelle ». Dans cette pratique, il n’y a pas d’accompagnateur ou de soliste, les musiciens jouent ensemble et composent ensemble en direct, en se connectant par l’écoute à l’instant présent afin d’inventer cette musique éphémère.
La Maison de l’Île-de-France est désormais un lieu connue dans le panorama musical grâce au dynamisme de son directeur, Francesco Torrisi. Lorsque nous avons décidé, avec le directeur, d’organiser une série de concerts entièrement dédiés à la musique improvisée, j’ai très vite imaginé cette musique dans ce lieu magnifique, ouvert vers l’extérieur. C’était une belle opportunité de mettre en valeur cette pratique musicale et aussi une occasion rêvée de mettre en relation cette pratique musicale avec l’esprit de recherche et la diversité culturelle de la Cité internationale.
Je vais donner une réponse très personnelle. Il s’agit d’une pratique musicale. Un genre reste plus défini. Toutefois, certains nomment cette pratique free music ou musique libre mais le terme me dérange un peu quant à cette « gratuité » suggérée par ces mots free ou libre. C’est un peu péjoratif et, très éloigné de l’implication des musiciens qui pratiquent l’improvisation avec engagement affirmé, assumé et sans concession pour certains.
Ma formation à la base n’est pas tout à fait classique. J’ai en effet démarré la musique par le piano assez jeune d’un point de vue classique mais j’ai très vite bifurqué vers les musiques dites actuelles et le jazz. Par la suite, et beaucoup plus tard, j’ai réellement fait des études de contrebasse classique. J’ai beaucoup joué dans divers styles et, de fil en aiguille j’ai découvert cette pratique musicale en pratiquant le jazz et le free jazz et au conservatoire, j’ai commencé à réellement m’y investir. J’ai tout de suite été attiré par cette notion de liberté musicale et du coup de créativité, inventer son propre vocabulaire musicale et redéfinir les rôles en supprimant la hiérarchie des instruments et des rapports entre les instrumentistes.
Notre public sont des gens ouverts d’esprit, ouverts pour accueillir le nouveau, le non-conventionnel. Ils sont animés par une grande curiosité et un esprit de découverte.
C’est une question que je trouve difficile. Je ne sais pas en vrai mais je crois que les gens qui viennent ou plutôt ceux qui reviennent sont des gens ouverts d’esprit, ouverts pour accueillir le nouveau, le non-conventionnel ou non-conforme. Les spectateurs qui assistent à ce genre de concert ont une grande faculté d’écoute, je dirai même qu’ils ont une écoute que je qualifierai d’active ou dynamique sans pour autant être analytique. Je pense aussi que ces spectateurs sont animés par une grande curiosité et un esprit de découverte.
Certains peuvent être étonnés, surpris, interloqués ou même choqués. Ce n’est évidemment pas toujours compris. Mais y-a t’il quelque chose à comprendre ? Cette musique doit s’écouter normalement ou tout du moins le plus simplement possible sans chercher forcément un sens ou une quelconque ressemblance avec quelque chose déjà connu.
Oui, le lieu peut avoir son mot à dire d’une certaine manière. Je dirai que chaque espace influence les improvisateurs et donc les improvisations. Je crois que la salle de la Maison de l’Île-de-France dans laquelle se passe ces concerts est un lieu inspirant par son architecture et sa sonorité. Le lieu étant ouvert sur l’extérieur avec une vue magnifique sur le parc du campus et la Maison internationale, cela donne beaucoup d’énergie positive pour improviser ou composer en temps réels des « pièces » qui trouvent leur essence même dans l’instant présent.
D’une certaine manière oui, la Cité internationale invite à sortir de l’ordinaire et à aller au-delà des zone de confort, elle invite à se mélanger et à faire des efforts d’intégration, c’est un lieu de recherche et découverte et notre pratique qu’est l’improvisation est une recherche permanente sur les formes musicales, nos façons d’improviser, la construction de nos vocabulaires. C’est une pratique indissociable de cette quête qui doit rester sans fin.
Je dirai de façon très personnelle que l’instant présent et le lâché prise sont les paramètres les plus importants et peut-être qu’ils sont universels en ce sens.
Tous les mois recevez la programmation artistique et scientifique de la Maison de l’Île-de-France . Pour cette nouvelle saison 2024/2025, une grande diversité d’événements vous attendent, dont voici un aperçu :
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