19/06/2024
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Jeux Olympiques et Paralympiques : les sportifs de l'exil diffusé sur ARTE

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Samedi 22 juin, la chaîne ARTE diffusera à 18h50 dans son émission ARTE Reportage, le documentaire J.O. les sportifs de l’exil, réalisé par Vahid Shamsoddinnezhad, résident de la Cité internationale et journaliste indépendant. Pour engager et sensibiliser les résidents du campus, une avant-première s’est tenue à la Cité internationale. Un lieu, qui accueille de nombreux étudiants et chercheurs en exil et qui partage avec les acteurs du projet, les mêmes valeurs de tolérance et de vivre-ensemble. 

Le témoignage d’athlètes réfugiés

Pendant plusieurs mois, Vahid a suivi 3 athlètes réfugiés, aux destins hors du commun, installés en Europe, qui se préparaient pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Ces athlètes de haut niveau partagent un point commun au-delà de l’exil : une ambition inébranlable.

Depuis la création de l’équipe des réfugiés aux Jeux olympiques et paralympiques en 2016 à Rio, les athlètes exilés, privés de représenter leur pays d’origine, peuvent concourir sous la bannière des réfugiés. Plus de 70 sportifs professionnels, originaires de 12 pays, ont bénéficié d’une bourse du Comité international olympique pour se préparer à une qualification aux Jeux de Paris. Vivant loin de chez eux, dans 24 pays d’accueil, ils n’ont rien renié de leurs ambitions.

À quelques mois du début des épreuves, Vahid et son équipe ont suivi trois d’entre eux. À Paris, Zakia Khudadadi, une para-taekwondoïste afghane, s’entraîne intensivement avec son entraîneuse. Née avec un seul bras, Zakia a échappé au triste destin qui lui était promis dans la société conservatrice de l’Afghanistan. Elle est aujourd’hui un symbole d’espoir pour des millions de femmes afghanes privées de toute activité sociale par le régime taliban. À Lausanne, Luna Solomon, une tireuse sportive érythréenne, se concentre et s’entraîne avec sa carabine. Luna a quitté son pays natal pour échapper au service militaire obligatoire à durée illimitée. Elle a commencé le tir sportif pour tisser des liens sociaux dans son pays d’accueil et, après seulement trois ans de pratique, s’est qualifiée pour les JO de Tokyo. À Berlin, Kasra Mehdipournejad, un taekwondoïste iranien, répète différentes techniques avec sa femme, elle aussi une ancienne membre de l’équipe nationale iranienne de taekwondo. Kasra s’est engagé à porter la voix de ses compatriotes réprimés en Iran lors des récentes manifestations « Femme, Vie, Liberté ».

Tous sont des réfugiés politiques. Tous se dépassent pour accéder à leur rêve commun : participer aux Jeux Olympiques ou Paralympiques de Paris, l’évènement sportif le plus prestigieux au monde. Sous le drapeau des réfugiés, ils veulent délivrer un message d’espoir, de résilience et de détermination.

Rencontre avec Vahid Shamsoddinnezhad

A quelques jours de la diffusion du reportage sur ARTE, Vahid a souhaité organiser pour les résidents du campus une avant-première. Pour accueillir l’événement, il a choisi la Cité internationale, un lieu qui prône l’ouverture et les échanges pour penser le monde de demain. Rencontre à la Fondation Victor Lyon, où la projection s’est tenue. 

Quel est votre parcours ?

Je suis journaliste iranien. Je suis venu en France en 2020 pour me perfectionner en journalisme. Après avoir obtenu un master dans ce domaine à l’École supérieure de journalisme de Lille (ESJ), je me suis installé en 2022 avec ma famille à la Cité internationale, d’abord dans le cadre de mon alternance dans une société de production parisienne puis j’ai commencé un doctorat. Je suis résident de la Fondation Deutsch de la Meurthe depuis avril 2022. Actuellement, je suis doctorant en sciences politiques à l’EHESS. Mon objectif est de finir ma thèse tout en continuant à exercer le métier de journaliste qui me passionne.

Quelles sont vos aspirations ?

À la sortie de l’école de journalisme, j’ai commencé ma collaboration en tant que journaliste pigiste pour la chaîne Arte. Depuis, j’ai continué à travailler pour le journal d’Arte parallèlement à mes collaborations avec d’autres médias et sociétés de production audiovisuelle. J’ai toujours eu envie de me tourner vers la production de reportages longs pour pouvoir approfondir des sujets, notamment sur l’actualité internationale et les enjeux géopolitiques.

Comment est né ce projet de documentaire ?

À l’approche des Jeux Olympiques de Paris, je voulais faire quelque chose sur le sport et en même temps, je voyais les athlètes de mon pays, l’Iran, fuir. Je me suis donc intéressé aux sportifs réfugiés et ai étudié le profil de chaque athlète exilé. Je me suis rendu compte qu’ils avaient des histoires remarquables et des parcours hors du commun. J’ai proposé le sujet à Arte qui a manifesté de l’intérêt, et l’aventure de plusieurs mois de suivi des athlètes a commencé. Nous avons finalement choisi ces trois sportifs Zakia Khudadadi, Luna Solomon et Kasra Mehdipournejad car chacun avait un parcours différent et un engagement fort.

Que retenez-vous de vos rencontres avec ces 3 athlètes ?

L’engagement de Zakia en faveur des femmes de son pays, l’Afghanistan, et son combat pour porter leur voix à chaque fois qu’elle prend la parole, ainsi que le fait qu’elle dédie ses médailles à elles, m’a impressionné. En fait, être la voix des femmes afghanes est devenu sa principale source d’inspiration pour réussir. De même, Luna souhaite être une personne exemplaire pour les réfugiés et Kasra se bat pour son combat politique.

La Cité internationale t’a-t-elle inspiré ?

Lorsque le film a été terminé, et au moment de réfléchir à un endroit pour organiser l’avant-première du reportage, j’ai pensé à la Cité internationale parce que cela me semblait être l’endroit idéal pour la projection. Vu l’engagement de la Cité pour le sport et surtout pour l’accueil des étudiants internationaux, le fait de partager l’histoire incroyable de ces sportifs pouvait être inspirant pour les résidents. Ils sont d’ailleurs venus en nombre et j’y suis très sensible. Et puis, c’est ici et plus précisément à la bibliothèque de la Fondation Deutsch de la Meurthe, où je suis résident, où j’ai réalisé une grande partie du travail d’écriture du documentaire.

Les parcours des athlètes

Zakia Khudadadi
Réfugiée afghane vivant à l’INSEP depuis plus de deux ans, elle est la première para-athlète afghane à s’être qualifiée aux Jeux Paralympiques. En août 2021, à quelques jours de sa participation aux Jeux de Tokyo, son Afghanistan natal est pris par les Talibans. Elle se déguise en femme enceinte pour fuir le pays.

Luna Solomon
Réfugiée érythréenne arrivée en Suisse en 2015 à l’âge de 19 ans. Elle commence le tir sportif à Lausanne où, n’ayant ni amis ni famille, elle utilise le sport pour tisser des liens dans son pays d’accueil. Après trois ans de pratique, elle est sélectionnée pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2020.

Kasra Mehdipour Nejad
Sportif iranien de haut niveau, installé en Allemagne depuis 2017 avec sa femme, également taekwondoïste. À 32 ans, il s’entraîne intensément pour gagner une médaille à Paris 2024 et souhaite porter la voix des femmes iraniennes pour plus de liberté.

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