Pour célébrer la commémoration des 80 ans des bombardements d’Hiroshima et Nagasaki et le centenaire de la Cité internationale, une démarche collective a mobilisé, mois après mois, architectes, résidents, maisons du campus et artistes pour créer La Monade Bleue – Passage de la paix. Cette installation artistique, à la fois puissante et poétique, située dans le jardin de la Maison du Japon, a été imaginée par deux jeunes diplômés d’architecture : Zuzanna Winiarska et Mathis Augustin. Rencontre.
Le rapport au contexte était important, dès la conception du projet. Il nous a semblé intéressant de développer une architecture responsable ancrée dans une esthétique japonaise sans pour autant tomber dans le pastiche. Les matériaux employés, comme le bois de pin clair et le tissu rappellent les shojis, ces parois coulissantes japonaises. Mais nous avons surtout porté une attention particulière à la mise en œuvre du projet avec la récupération de bois de réemploi (90 % du bois vient du réemploi d’un chantier du Parc des expositions), l’utilisation de scies japonaises, le choix d’une construction logique et modulaire pour permettre une rapidité d’assemblage et une économie de matière. Nous voulions être pragmatiques et responsables dans notre démarche. C’était important pour nous, parce que nous vivons dans un parc avec une biodiversité exceptionnelle.
C’est un projet qui n’aurait pas pu prendre forme sans le collectif. Nos amis, jeunes architectes internationaux, sont venus nous aider avec sa construction : Felix Verheyden, Jillis Hulleman, Bernadetta Budzik, Adrian De Luna, Elisa Cherrey, Rachel Rouzaud, Yannick Zelle (Belgique /Pays-Bas / Pologne / France / Allemagne). La designeuse textile Kenza Ka a mis en place un workshop participatif, avec des résidents volontaires, pour concevoir les grues en origami et la réalisatrice et cinématographe Lisa Maslovskaya nous a suivi durant tout le processus afin de produire un documentaire qui sera à découvrir en début d’année prochaine. Toutes deux sont artistes en résidence à la Fondation des États-Unis. Nous nous sommes rencontrés sur le campus. Une quinzaine de maisons nous ont également soutenu financièrement. C’est vraiment la puissance de ces énergies collectives qui nous a permis de donner vie à La Monade bleue.
La Monade bleue – Passage de la paix est un projet participatif, évolutif, ouvert aux visiteurs du parc de la Cité internationale. Il a été pensé comme un espace expérimental à petite échelle. C’est un geste de mémoire et de réaffirmation des valeurs fondatrices de la Cité internationale. Comme tout projet « symbolique », la volonté principale est que les visiteurs ressentent par eux-mêmes l’idée que nous avons souhaité transmettre, ici : la paix. Un sentiment appuyé par l’insertion de la structure dans ce jardin apaisant, la mise en œuvre réfléchie et responsable, la référence aux grues. Le nom du pavillon, Monade Bleue, présente de nombreuses définitions. L’une d’elles est synonyme d’unité, une composante que nous trouvions assez juste pour décrire ce pavillon qui oriente vers une unique direction.
Son titre La Monade Bleue renvoie à un détail particulier, les marches bleues du pavillon réalisées grâce à la technique du cyanotype, une pratique largement utilisée au XXᵉ siècle, notamment pour reproduire des plans d’architecture. Elle a pour particularité de teinter le bois d’un bleu profond. Nous en avons profité pour inclure, à l’aide de cette même technique, les signatures des directeurs des maisons et mécènes du projet présents lors du vernissage. Leur engagement fait ainsi partie du pavillon sur sa première marche. Ils laissent une trace de leur passage.
Ce projet soutenu dès le départ par la Fondation des États-Unis et la Maison du Japon a pu également bénéficier de la participation de la Fondation suisse/Pavillon Le Corbusier, la Maison des étudiants canadiens, la Fondation de Monaco, la Maison des élèves ingénieurs des Arts et Métiers, la Maison de Tunisie, la Maison des étudiants suédois, la Maison de Norvège, la Fondation hellénique, la Maison des industries agricoles et alimentaires, la Maison internationale AgroParisTech, la Fondation danoise, la Fondation Biermans-Lapôtre et le Collège d’Espagne.