24/11/2025
Entretiens Arts Paix Maison du Japon

Monade bleue : une œuvre pour célébrer la mémoire, la paix et le défi climatique

La Monade bleue - Passage de la paix dans le jardin de la Maison du Japon | © Lisa_Maslovskaya
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La Monade bleue - Passage de la paix dans le jardin de la Maison du Japon | © Lisa_Maslovskaya
Mathis Augustin et Zuzanna Winiarska | © Lisa_Maslovskaya
© Zuzanna_Winiarska
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Pour célébrer la commémoration des 80 ans des bombardements d’Hiroshima et Nagasaki et le centenaire de la Cité internationale, une démarche collective a mobilisé, mois après mois, architectes, résidents, maisons du campus et artistes pour créer La Monade Bleue – Passage de la paix. Cette installation artistique, à la fois puissante et poétique, située dans le jardin de la Maison du Japon, a été imaginée par deux jeunes diplômés d’architecture : Zuzanna Winiarska et Mathis Augustin. Rencontre.

Comment est née l’idée du projet La Monade bleue – Passage de la paix ?

Ce pavillon de La Monade Bleue est issu en premier lieu d’une recherche que nous avons menée sur la représentation du passage, explorant la manière dont l’architecture peut incarner une forme de continuité. Son sous-titre, Le passage de la paix, fait référence aux commémorations du 80e anniversaire d’Hiroshima et de Nagasaki, organisées par la Maison du Japon et la Fondation des États-Unis en août 2025 à l’occasion du centenaire de la Cité internationale universitaire de Paris,. Il fait aussi écho à la pensée pacifiste qui le principe fondateur de la Cité internationale. C’est une aventure que l’on voulait humaine, artistique et engagée.

Comment cette thématique de la paix a-t-elle influencé votre travail ? 

La Cité internationale est née de la conjugaison de préoccupations hygiénistes et pacifistes au sortir de la Première Guerre mondiale. Aujourd’hui, 100 ans plus tard, il nous semble fondamental de réaffirmer l’idée sur laquelle elle a été fondée: la paix. Pour accompagner la traversée de l’œuvre, nous avons suspendu des grues en origami, issues de la légende Senbazuru des 1000 grues de la paix. Elles ont été confectionnées en tissu Supima, plus résistant pour l’extérieur grâce à de nombreuses mains bénévoles, venues nous aider lors d’un workshop, organisé à la Fondation des États-Unis. Le promeneur monte dans le pavillon, puis, après avoir parcouru le couloir étroit, s’assoit, prêt à contempler le paysage. Sa structure sur pilotis pourrait paraître frêle mais elle introduit la notion de courage qui est nécessaire pour traverser ce chemin et retrouver la paix. La Monade bleue illustre l’amitié américano-japonaise qui perdure depuis 80 ans.

Quelle attention avez-vous porté à la mise en œuvre de ce projet ? 

Le rapport au contexte était important, dès la conception du projet. Il nous a semblé intéressant de développer une architecture responsable ancrée dans une esthétique japonaise sans pour autant tomber dans le pastiche. Les matériaux employés, comme le bois de pin clair et le tissu rappellent les shojis, ces parois coulissantes japonaises. Mais nous avons surtout porté une attention particulière à la mise en œuvre du projet avec la récupération de bois de réemploi (90 % du bois vient du réemploi d’un chantier du Parc des expositions), l’utilisation de scies japonaises, le choix d’une construction logique et modulaire pour permettre une rapidité d’assemblage et une économie de matière. Nous voulions être pragmatiques et responsables dans notre démarche. C’était important pour nous, parce que nous vivons dans un parc avec une biodiversité exceptionnelle.

Comment s’est déroulé la mise en œuvre du pavillon ? 

C’est un projet qui n’aurait pas pu prendre forme sans le collectif. Nos amis, jeunes architectes internationaux, sont venus nous aider avec sa construction : Felix Verheyden, Jillis Hulleman, Bernadetta Budzik, Adrian De Luna, Elisa Cherrey, Rachel Rouzaud, Yannick Zelle (Belgique /Pays-Bas / Pologne / France / Allemagne). La designeuse textile Kenza Ka a mis en place un workshop participatif, avec des résidents volontaires, pour concevoir les grues en origami et la réalisatrice et cinématographe Lisa Maslovskaya nous a suivi durant tout le processus afin de produire un documentaire qui sera à découvrir en début d’année prochaine. Toutes deux sont artistes en résidence à la Fondation des États-Unis. Nous nous sommes rencontrés sur le campus. Une quinzaine de maisons nous ont également soutenu financièrement. C’est vraiment la puissance de ces énergies collectives qui nous a permis de donner vie à La Monade bleue.

Qu’espérez-vous que votre projet suscite chez les visiteurs ?

La Monade bleue – Passage de la paix est un projet participatif, évolutif, ouvert aux visiteurs du parc de la Cité internationale. Il a été pensé comme un espace expérimental à petite échelle. C’est un geste de mémoire et de réaffirmation des valeurs fondatrices de la Cité internationale. Comme tout projet « symbolique », la volonté principale est que les visiteurs ressentent par eux-mêmes l’idée que nous avons souhaité transmettre, ici : la paix. Un sentiment appuyé par l’insertion de la structure dans ce jardin apaisant, la mise en œuvre réfléchie et responsable, la référence aux grues. Le nom du pavillon, Monade Bleue, présente de nombreuses définitions. L’une d’elles est synonyme d’unité, une composante que nous trouvions assez juste pour décrire ce pavillon qui oriente vers une unique direction.

Quel est le sens de cette appellation ?

Son titre La Monade Bleue renvoie à un détail particulier, les marches bleues du pavillon réalisées grâce à la technique du cyanotype, une pratique largement utilisée au XXᵉ siècle, notamment pour reproduire des plans d’architecture. Elle a pour particularité de teinter le bois d’un bleu profond. Nous en avons profité pour inclure, à l’aide de cette même technique, les signatures des directeurs des maisons et mécènes du projet présents lors du vernissage. Leur engagement fait ainsi partie du pavillon sur sa première marche. Ils laissent une trace de leur passage.

Un projet fédérateur sur le campus

Ce projet soutenu dès le départ par la Fondation des États-Unis et la Maison du Japon a pu également bénéficier de la participation de la Fondation suisse/Pavillon Le Corbusier, la Maison des étudiants canadiens, la Fondation de Monaco, la Maison des élèves ingénieurs des Arts et Métiers, la Maison de Tunisie, la Maison des étudiants suédois, la  Maison de Norvège, la  Fondation hellénique, la Maison des industries agricoles et alimentaires, la Maison internationale AgroParisTech, la Fondation danoise, la Fondation Biermans-Lapôtre et le Collège d’Espagne.

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