Clara Caulier, résidente de la Fondation Deutsch de la Meurthe et étudiante en dernière année à l’École nationale supérieure des Arts décoratifs, participera à la table ronde « La Fondation Deutsch de la Meurthe : quelle spécificité 100 ans après ? », qui se tiendra lors du colloque « Bâtir un idéal » organisé dans le cadre du centenaire de la Cité internationale. Elle y présentera un projet personnel illustrant les liens qui unissent les résidents de ce lieu d’exception. Elle nous partage son attachement profond à ce lieu unique.
La Fondation Deutsch de la Meurthe accueille les 4 et 5 avril 2025 un colloque scientifique en hommage à Lucien Bechmann. En 1925, cet architecte visionnaire conçoit la première maison de la Cité internationale, marquant le point de départ d’une aventure architecturale et humaine unique. Architecte conseil durant trois décennies, il contribue à façonner l’identité du campus en réalisant les pavillons d’entrée et la Fondation Victor Lyon.
Inscrit dans les célébrations du centenaire, ce colloque met en lumière les interactions entre patrimoine bâti et projets académiques contemporains. Bechmann, figure clé de la conception du campus, a su allier innovation architecturale et réflexion sur les espaces de vie et d’apprentissage. Cet événement explorera les relations entre architecture et campus universitaire, en offrant une plateforme d’échange entre chercheurs, architectes et historiens autour de son héritage et de son actualité face aux enjeux contemporains.
Clara Caulier : J’aurais la fierté de présenter un projet expérimental qui m’anime depuis décembre : un tissage de 1m40 par 1m10 représentant la Fondation Deutsch de la Meurthe. L’un des principaux objectifs de la Cité internationale est de permettre aux étudiants du monde entier de tisser des liens, et ce projet de tissage est une métaphore de cette réalité. Le colloque se centre sur l’architecture, qui est la clé de voute de l’échange multiculturel sur le campus et qui permet justement le tissage de tant de relations. Lorsque Dan Ferrand Bechmann, la petite fille de l’architecte Lucien Bechmann a eu connaissance de mon projet, elle y a été très sensible. C’est ensemble que nous avons décidé que cela ferait sens de présenter ce travail lors du colloque.
Lorsque je suis arrivée ici, j’ai été très stimulée artistiquement par mon nouvel environnement. Les photographies d’archives installées dans la maison m’inspirent énormément. Une fois, je suis tombée sur une photographie prise durant la construction du pavillon central aux archives du Musée Albert Kahn. J’ai été très touchée de voir le beffroi charpente apparente, avec le couvreur qui se retourne pour vraisemblablement regarder l’appareil photo, et les trois hommes accoudés à la balustrade du balcon, devant ce qui n’était encore à l’époque qu’un terrain vague, loin du beau jardin dont nous jouissons aujourd’hui. Je me suis dit que cette photo serait l’image idéale à tisser pour ce que j’avais envie de transmettre.
J’ai réalisé cette création sur un métier à tisser de mon école. J’ai fait le choix du noir et blanc pour conserver l’aspect argentique de l’image originelle et de faire un travail de miroir pour proposer deux faces au projet. J’y ai intégré un coton vert très foncé avec des aspérités qui me faisaient penser au grain des photos argentiques. Je l’ai mélangé à un lurex doré très fin à peine visible, qui vient apporter de la lumière et rend le tissage plus chatoyant. Il m’a fallu beaucoup de patience car le tissage nécessite parfois de défaire le travail réalisé pour tout recommencer, un vrai travail de self-control.
Pendant le colloque des 4 et 5 avril, il sera possible de découvrir mon travail dans le grand salon de la Fondation Deutsch de la Meurthe. J’aimerai que ce tissage puisse inspirer aux résidents l’envie de s’investir dans la vie de leur maison. Nous avons évidemment tous et toutes notre manière d’appréhender le campus, et s’investir n’est pas une obligation, mais je pense qu’il est important de rappeler que la Cité internationale est très réceptive aux initiatives et les encourage, donc il ne faut pas hésiter !
Il y en a trop qui me viennent… mais il y a quelques semaines j’ai appris un nouveau mot en japonais : mono no aware, ce qui pourrait se traduire par la sensation de conscience que tout est éphémère et que toutes les choses passent. Cela parait un peu mélancolique mais c’est quelque chose qui me procure beaucoup de joie, de me dire que je vis à un endroit ou des personnes de l’âge de mes arrière-grands parents ont vécu, et que d’autres étudiant.es viendront à leur tour apprécier cet endroit. La Cité internationale est un endroit de passage qui prend grand soin d’archiver son histoire et c’est quelque chose de précieux.
En 2025, la Cité internationale universitaire de Paris fête ses 100 ans. Cet anniversaire historique est une opportunité unique de réaffirmer un siècle d’engagement pour la paix, le dialogue des cultures et la solidarité. De mars à décembre 2025, le campus vibrera au rythme d’événements culturels, scientifiques et festifs ouverts à tous. Une programmation à retrouver sur centenaire.ciup.fr.