C’est une astronomie qui s’intéresse aux phénomènes les plus violents de l’Univers. Invisible aux instruments classiques, des particules et des rayons gamma voyagent dans l’espace sans être perturbés et, en frappant la Terre, nous parlent de phénomènes cosmiques aux énergies colossales dont l’origine est souvent inconnue. Des pulsars, des étoiles doubles, des restes d’explosions de supernovae, des noyaux actifs de galaxies dans lesquelles des trous noirs géants gobent les étoiles… Une face hyper violente de l’Univers dont personne ne soupçonnait, encore récemment, la présence et l’importance. Une petite révolution dans notre vision du cosmos que l’on doit pour une très grande part à l’entrée en service du télescope H.E.S.S. en Namibie à partir de 2002. Un « œil » sur les cataclysmes dans l’Univers, situé dans les « Khomas Highlands » du désert namibien, qui se compose d’un réseau de cinq télescopes capables de détecter le rayonnement gamma cosmique de haute énergie. Là, dans l’hémisphère sud, au niveau du tropique du Capricorne, à environ 2000 m d’altitude, il a un regard privilégié sur les régions centrales de la Galaxie et observe ses flashs lumineux dans les meilleures conditions possibles. En un peu plus de deux décennies, c’est toute une nouvelle science qui a émergé de ces observations. Une nouvelle fenêtre ouverte sur des événements dont la violence n’a pas d’équivalent sur Terre et qui pousse aujourd’hui les chercheurs de 25 pays à construire de nouveaux télescopes, au Chili et sur l’île de la Palma aux Canaries, pour étudier avec encore plus de précision les émissions gamma de la Voie lactée, les sources extragalactiques lointaines réparties sur l’ensemble de la voûte céleste, et sonder le fond diffus de rayonnement de l’Univers. Un défi technique et scientifique remarquable.
Alain Cirou reçoit Mathieu de Naurois, astrophysicien, directeur de recherche au CNRS, spécialiste d’astronomie gamma de très haute énergie et directeur de la collaboration HESS (un réseau de télescopes installé en Namibie). Il est enseignant à l'école Polytechnique depuis 2008 où il enseigne la mécanique quantique, le développement durable, et l'astrophysique des hautes énergies. Il a obtenu la médaille d'argent du CNRS en 2018 pour ses travaux de recherche.
Le Club des chercheurs de la Cité internationale universitaire de Paris, hébergé à la Fondation Victor Lyon, s’est associé à l’association française d’astronomie et le magazine Ciel & Espace pour organiser mensuellement de grands entretiens avec des experts scientifiques. Dans un monde saturé d’informations, toutes circulant à la vitesse de la lumière et se chassant mutuellement, il est salutaire de faire une pause. Parce que tout va trop vite, et qu’il convient de trier entre l’important et le superflu, distinguer les faits de la communication, de la propagande, dans les sciences de l’Univers – comme dans la société – il est plus que jamais nécessaire de se donner du temps : le temps de la réflexion. C’est le projet de ces « Grands entretiens » : se donner le temps d’aller au fond des sujets. Les grands entretiens de Ciel et Espace sont organisés en partenariat avec le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, la Cité internationale universitaire de Paris, le Club des chercheurs de la Fondation Victor Lyon et la Ville de Paris.