Sowmyalakshmi RASIKA

Interview de la directrice de la Maison de l’Inde

Parlez-nous de votre parcours et de votre arrivée à la Cité internationale.

Je suis chercheure en neurosciences par formation, en passant par la botanique et la biotechnologie. J’ai fait mon doctorat aux Etats-Unis à l’université Rockefeller à New York sur les effets des hormones sur la naissance des nouveaux neurones dans le cerveau adulte et je suis allée à Pasadena ensuite, au California Institute of Technologie, avec une bourse post-doctorale pour étudier l’implication de ces nouveaux neurones dans des maladies neurologiques. Je suis arrivée en France en décembre 2001 en tant que chercheure étrangère à l’INSERM et 20 ans plus tard, je suis toujours en France ! A divers moments, les aléas de la vie m’ont aussi poussée à créer une société d’écriture et de conseil scientifique en anglais, Gap Junction, et à occuper plusieurs postes administratifs en tant que coordinatrice de consortiums scientifiques ou médicaux à l’échelle locale, européenne ou internationale. J’ai été nommée directrice de la Maison de l’Inde en 2018, juste à temps pour fêter les 50 ans de la maison et je suis la première femme à occuper ce poste. En plus du défi de faire fonctionner et progresser ce magnifique établissement et être entouré de jeunes esprits, j’aime beaucoup l’histoire et la philosophie indienne et pouvoir partager la richesse de la culture indienne à travers les activités de la Maison de l’Inde est un plaisir sans égal. En même temps, je suis aussi chercheure dans une équipe Inserm à Lille sur le développement et la plasticité du cerveau neuroendocrine. Je travaille depuis le début de la pandémie sur les mécanismes et les conséquences de l’infection du cerveau par le SARS-CoV-2, le virus causatif du COVID-19.

Selon vous qu’est ce qui fait de la Cité internationale un campus unique au monde ?

Il y a des milliers de résidences universitaires qui accueillent des étudiant et des chercheurs à travers le monde, mais seulement une Cité internationale. La particularité de notre Cité réside dans le fait qu’elle n’est pas uniquement un lieu d’hébergement, mais une institution avec une vision unique de la paix à travers la vie commune et le partage des connaissances, des cultures et des valeurs.

En quoi habiter dans votre maison permet aux résidents d’avoir un autre regard sur le monde et est un tremplin pour leur avenir ?

La réussite académique n’est qu’un volet de la réussite de la personne. Des milliers d’étudiants et de jeunes chercheurs, indiens ou autres, viennent en France pour profiter de ses excellentes universités et laboratoires de recherche, mais ce n’est pas toujours facile de s’intégrer dans un pays étranger et de construire son avenir. A la Maison de l’Inde, les résidents indiens peuvent retrouver un foyer familier qui leur permet de découvrir ce nouveau monde et leur place en son sein sans avoir le mal du pays, et en même temps de construire des liens forts et un réseau personnel et professionnel qui dureront toute une vie. Quant aux résidents non-indiens, la Maison de l’Inde sert d’introduction à ce pays à la fois si ancien et si jeune, aussi complexe que l’Europe entière avec autant de langues, de cultures et de connaissances.

Si vous deviez résumer la Cité internationale en un mot, lequel choisiriez-vous et pourquoi ?

Fusion. L’essence de la Cité internationale est le brassage, qui peut être traduit en “melting pot” ou autrement dit, la fusion en anglais : la fusion de nationalités, de langues, de traditions, mais aussi d’aspirations des résidants venus du monde entier.

Jawed Ashraf, ambassadeur de l'Inde en France et président de la Fondation

Jawed Ashraf a pris ses fonctions d’ambassadeur de l’Inde en France et de la Principauté de Monaco le 13 juillet 2020. Diplomate de carrière, Jawed Ashraf a rejoint le service diplomatique indien en 1991. Il a travaillé à Francfort et à Berlin de 1993 à 1999, à la division des Amériques du ministère des Affaires étrangères à New Delhi de 1999 à 2004,  en tant que conseiller à l’ambassade de l’Inde à Katmandou en 2007, conseiller et ministre des affaires politiques à l’ambassade de l’Inde à Washington DC de 2007 à 2010. Il a été ensuite dirigé la division des Amériques du ministère des Affaires étrangères à New Delhi de 2010 à 2012. Secrétaire adjoint au bureau du premier ministre, il a été nommé haut-commissaire de l’Inde à Singapour de 2016 à 2020. Jawed Ashraf a étudié l’économie au St. Stephen’s College de New Delhi et la gestion à l’Indian Institute of Management d’Ahmedabad. 

Les fondateurs de la Cité internationale ont fait preuve d’une vision extraordinaire dans un monde où les frontières s’élargissent, créant un lieu qui sert à la fois un objectif pratique et un objectif intellectuel basé sur l’érudition et l’innovation. C’est ma conviction qu’il n’existe aucune autre institution de ce type dans le monde.

Jawed Ashraf