Les fauteuils « Grand Confort » et « LC1 », conçus en collaboration par Le Corbusier, Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand, comptent parmi les pièces les plus emblématiques du mobilier moderniste du XXe siècle. Ces deux créations, composées d’une structure métallique et de coussins en cuir, incarnent les grands principes du design moderniste (fonctionnalité épurée, esthétique sobre et usage des matériaux industriels), tout en créant un équilibre remarquable entre légèreté et durabilité.
Ces chefs-d’œuvre du design meublent la Fondation suisse, construite en 1933 par Le Corbusier lui-même. L’architecte a pris en charge à la fois l’extérieur et l’intérieur du bâtiment, classé Monument historique en 1986. Outre les fauteuils, Le Corbusier a conçu seul trois banquettes pour le grand salon, réalisées en béton et recouvertes de plaques d’émail peintes. Charlotte Perriand, quant à elle, a créé pour ce même espace une table au plateau en marbre veiné de 274 cm de long.
Le salon abrite également une fresque murale signée Le Corbusier, caractérisée par une palette de couleurs vives. Cette œuvre recouvre en réalité une fresque plus ancienne, également imaginée par l’architecte, qui consistait en un assemblage photographique organique de parties du corps humain et de végétaux. Cette première version a été gravement endommagée durant la Seconde Guerre mondiale.
Le luminaire « Pomme de Pin », créé dans les années 1950 par le designer danois Poul Henningsen, représente une prouesse technique et esthétique. Composé de 72 pétales métalliques soigneusement répartis par rangées de six, disposées autour de douze arcs métalliques superposés, ce chef-d’œuvre du design lumineux permet de diffuser une lumière douce et agréable tout en éliminant complètement l’éblouissement. Le montage extrêmement précis des pétales, confié à quelques artisans qualifiés, garantit que la source lumineuse centrale reste invisible quel que soit l’angle d’observation.
Cette lampe illumine le salon de la Fondation danoise, inaugurée en 1932 grâce à une collecte de fonds impliquant les citoyens et l’État danois. L’architecte Kaj Gottlob, figure majeure du modernisme scandinave, a dessiné la majeure partie du mobilier de ce salon, dont un remarquable piano quart de queue réalisé par la manufacture Hornung & Møller, ainsi que divers éléments comme des chaises et des vases en porcelaine.
L’espace accueille également des créations d’autres grands noms du design danois, comme les meubles épurés de Hans Wegner, ainsi que diverses œuvres d’art : les grandes toiles représentant les quatre saisons de Kresten Iversen (chaque toile est accompagnée d’un vers du poète Piet Hein), une sculpture en céramique glaçurée de Jean-René Gauguin (fils du peintre Paul Gauguin), et le buste du critique littéraire Georg Brandes.
La bibliothèque de la Maison des étudiants de l’Asie du Sud-Est, conçue sous la direction de la architecte-décoratrice Camille Richard, constitue un espace emblématique où se rencontrent harmonieusement le design Art déco et les influences artistiques asiatiques. Ce lieu illustre parfaitement l’ambition de marier esthétisme et fonctionnalité, tout en créant un environnement propice à l’étude et à la contemplation.
Le mobilier, comprenant tables, vitrines et rayonnages en bois précieux, a été fabriqué par des artisans parisiens selon les plans de Camille Richard. Ces éléments s’intègrent parfaitement aux murs rouge cramoisi – évoquant la teinte du sol de la bibliothèque centrale – tout en incorporant des décorations subtiles inspirées des temples et palais du Sud-Est asiatique, le tout dans le respect des lignes sobres caractéristiques des années 1930.
L’espace se structure autour d’une large nef centrale flanquée de deux nefs latérales, séparées par des piliers richement ornés. Quatre grandes toiles marouflées, placées aux angles de la salle, reprennent les motifs iconographiques des temples bouddhistes : montagnes, nuages et dragons célestes. La lumière naturelle pénètre abondamment par de larges fenêtres à petits bois décoratifs et vitraux colorés, s’ouvrant sur le jardin et l’entrée de la maison.
La décoration intègre habilement des éléments traditionnels asiatiques comme une statue de Bouddha en plâtre.
La lampe n°509 bis, conçue en 1929 par Jean Perzel, représente un jalon important de l’histoire du design Art déco. Reconnu pour son souci du confort visuel, Perzel a créé ce luminaire en métal et verre opalin, doté d’un cache pivotant en bronze permettant d’orienter la lumière selon les besoins, que ce soit pour un éclairage direct adapté à l’étude ou une lumière tamisée propice à la détente. Ce design innovant, spécialement pensé pour les espaces collectifs et les chambres d’étudiants, a immédiatement rencontré un grand succès grâce à son élégance discrète et sa fonctionnalité remarquable.
© Atelier Jean Perzel, Paris
Cette lampe emblématique a été initialement dessinée pour équiper les chambres de la Maison des Provinces de France, construite en 1932. Le mobilier de cette résidence a été en partie imaginé par Maurice et Léon Jallot, dans une optique de robustesse, de facilité d’utilisation et d’entretien, tout en conférant aux étudiants quiétude et intimité.
Les chambres présentaient par ailleurs une particularité décorative : elles étaient toutes recouvertes d’un papier-peint décliné en sept motifs différents, créé par Jacques-Emile Ruhlmann. Aujourd’hui encore, l’Atelier Jean Perzel, situé à proximité de la Cité internationale, continue de vendre ce modèle devenu un véritable objet de collection, témoignant de la pérennité du design Art déco.
Conçues par Jean Prouvé, l’un des designers et ingénieurs les plus influents du XXe siècle, les chaises en bois et métal du théâtre de la Maison du Brésil incarnent parfaitement sa philosophie : un design à la fois fonctionnel, robuste et épuré. Ces sièges, spécialement imaginés pour une salle de spectacle, allient structure métallique légère et assise en bois, offrant ainsi résistance et confort. Leur esthétique industrielle, caractéristique du travail de Prouvé, s’harmonise avec leur environnement tout en répondant aux exigences d’un mobilier destiné à un usage intensif.
Ces chaises meublent le théâtre de la Maison du Brésil, un espace culturel marqué par son architecture moderniste. La salle se distingue notamment par son plafond en béton brut, qui confère à l’ensemble une atmosphère à la fois sobre et monumentale. Ce choix matériel reflète l’approche rationaliste de l’époque, où la structure apparente devient élément esthétique. Le théâtre, conçu pour accueillir représentations et conférences, bénéficie aussi d’une acoustique étudiée et d’une disposition optimale des sièges.
La Maison du Brésil, inaugurée en 1959, est l’oeuvre conjointe de Le Corbusier et Lucio Costa. Elle s’inscrit dans le mouvement moderniste brésilien, alliant béton brut et éléments organiques.
Depuis sa création, la Cité internationale universitaire de Paris a collaboré avec des figures majeures du design et de l’architecture. Le Corbusier, Charlotte Perriand, Jean Prouvé, Jacques-Émile Ruhlmann et d’autres ont contribué à façonner l’identité esthétique et fonctionnelle de ses maisons.
Pour en savoir plus sur l’histoire de la Cité internationale, son architecture et son développement, rendez-vous dans notre Centre du patrimoine. Exposition permanente, visites thématiques et supports numériques innovants vous feront traverser le temps et l’espace à la découverte de ce lieu d’exception.