Voyage d'André Honnorat, l'un des pères fondateurs de la Cité internationale, au Caire en février 1934. Derrière le groupe de personnalités, le sphinx de Gizeh et la pyramide de Khéops.

Un projet de maison depuis les années 30

Le projet d’un Pavillon égyptien à la Cité internationale universitaire de Paris n’est pas nouveau. Les premiers liens tissés entre la Cité internationale et l’Égypte datent des années 1930. André Honnorat, principal fondateur et président de la fondation jusqu’en 1948, se rend au Caire en février 1934. Initié en 1948, un projet de maison voit le jour en 1951 et un acte de donation est même signé. Initié du temps du roi Farouk sous le nom de « Fondation Farouk 1er», le projet architectural prend la forme d’une pyramide. Ce projet est ensuite été repris par Gamal Abdel Nasser, et renommé successivement « Maison d’Égypte », puis « université de Paris, Maison d’Égypte ». Mais, le projet est abandonné après l’expédition franco-anglaise de Suez de 1956.

Fondation Farouk 1er | Abou Bakr Khaïrat Architecte

Il a fallu attendre le 6 décembre 2015 pour qu’une rencontre fortuite relance le projet. Ehab Badawy, ambassadeur de la République d’Égypte en France, et Marcel Pochard, président de la fondation nationale Cité internationale universitaire de Paris, ravivent l’idée d’un Pavillon égyptien au cours d’un dîner organisé par l’ambassadeur du Japon à Paris.

Abdel Fattah Al-Sissi, président de la République Arabe d’Égypte, lui donne une impulsion décisive en signant, le 1er avril 2016, une lettre d’intention. Quelques mois seulement ont été nécessaires pour finaliser la convention d’engagement qui a été signée le 24 octobre 2017. Lors de la visite d’Etat d’Abdel Fattah Al-Sissi en France, le 25 octobre 2017, les dirigeants des deux pays, dans une déclaration conjointe, appellent de leurs vœux un développement de la coopération universitaire bilatérale à travers notamment le renforcement de l’université française d’Égypte, des échanges d’étudiants entre les deux pays et l’ouverture d’une Maison d’Égypte au sein de la Cité internationale universitaire de Paris.

Le concours d’architecture est lancé le 2 février 2019. Un lauréat est choisi : une équipe d’architectes franco-égyptienne Sam architectes et Dar Arafa architecture. Le 23 juin 2023, deux délégations française et égyptienne se réunissent en Sorbonne pour signer l’acte de donation, la convention de droit d’usage au profit de l’association Maison d’Égypte et la convention de droit d’usage au profit de la future fondation. Il s’agissait de la dernière étape du projet avant son ouverture.

La nature, au cœur du projet architectural

La Maison d’Égypte respecte les spécificités de la Cité internationale qui traduisent ses valeurs paix, d’ouverture et de solidarité. Elle vise l’excellence architecturale et son implantation dans le campus est respectueuse du patrimoine paysager existant. L’idée maîtresse du projet est la nature, tant par la conservation du hêtre pourpre en extérieur que la création d’un jardin d’inspiration égyptienne à l’étage. Le projet reprend également des éléments de la culture égyptienne avec en façades des hiéroglyphes monumentaux et comprend des produits directement importés d’Égypte : pierre au sol, luminaires et mobiliers notamment.

Un bâtiment sobre et pérenne

Le bâtiment tout entier est sculpté par les forces de la nature comme la course du soleil et le comportement du vent, mais aussi par les forces artificielles tels le bruit ou la pollution du périphérique ou encore les limites urbaines, notamment le retrait imposé autour du hêtre pourpre. Cette dernière contrainte devient le principal atout du projet en créant un dialogue entre deux jardins : le premier extérieur, aménagé autour de l’arbre et accueillant une végétation locale, le second intérieur, protégé par l’atrium, et accueillant une végétation égyptienne.

La pierre est le matériau de prédilection des Égyptiens. Le choix de ce matériau indestructible est directement lié à la quête perpétuelle du profond et de l’éternel. La façade en béton préfabriqué, de couleur ocre (teinté dans la masse) et sablé, s’inscrit dans l’esprit minéral et monolithique des constructions égyptiennes.  Ce matériau qualitatif et pérenne ancre la Maison d’Égypte simultanément dans le passé et le présent des deux cultures françaises et égyptiennes.

La volumétrie de la maison s’inscrit également dans la tradition égyptienne, du temps où les objets étaient faits d’un seul grand bloc de pierre. La façade en béton protège le bâtiment là où cela est nécessaire et se transforme en façade vitrée à l’est pour, d’une part, créer une continuité visuelle entre le cœur du bâtiment et le jardin puis, d’autre part, pour laisser entrer un maximum de lumière naturelle.

Le résultat étonnant est un cœur d’immeuble lumineux et végétal où s’épanouit la vie en collectivité des résidents. Les textes égyptiens gravés sur la façade ont été sélectionnés à partir d’anciens textes traitant de la quête du savoir telle la prière à Thoth et la profession de foi du scribe dans le Papyrus Lansing. .

Des espaces de rencontres

La résidence est conçue autour d’un grand atrium central, éclairé par une verrière, autour duquel s’organise la vie collective, à l’image des cuisines, salles à manger communes et salon d’étage, situés à chaque niveau, tous jouissant d’une vue sur les deux jardins. Le 1er étage est également un espace de rencontre privilégié autour du jardin égyptien. Une grande terrasse y est aménagée dans le prolongement du foyer des résidents. D’autres lieux de vie sont situés au même niveau : la salle de sport, les salles de musique et le bureau du comité. Au 8e et dernier étage, l’atrium est couvert par une large toiture-terrasse, un roof-top qui offre aux résidents un espace extérieur en été, largement ensoleillé. Au rez-de-chaussée, le café L’égyptien propose un lieu hybride, à la fois espace de rencontres et de travail, avec une programmation culturelle.

Développer la coopération universitaire et scientifique

L’idée d’un Pavillon égyptien à la Cité internationale n’est pas nouvelle. Un premier projet non abouti avait été imaginé en 2021. C’est le 24 octobre 2017 qu’un accord formel a été signé pour la construction d’une Maison d’Égypte à la Cité internationale. Ce projet marque la volonté de renforcer la coopération universitaire, scientifique et culturelle entre la France et l’Égypte comme l’a annoncé le président de la République Emmanuel Macron la même année.

En 2021, la France a accueilli près de 3 000 étudiants égyptiens. Le nombre d’étudiants venus d’Égypte en France a augmenté de 35% ces cinq dernières années, avec une croissance significative de 55% des étudiantes. Les deux pays souhaitent d’avantage développer la mobilité étudiante et scientifique entre les deux pays. La construction de la Maison d’Égypte est un engagement majeur de la République arabe d’Égypte en faveur de cet objectif. Elle constituera le point d’appui du rayonnement universitaire et culturel de l’Égypte en Île-de-France et permettra de diffuser la culture égyptienne auprès du public parisien.