Cette année, Transforme, le festival itinérant initié par la Fondation d’entreprise Hermès, en collaboration avec quatre théâtres partenaires, dont le Théâtre de la Cité internationale, proposera six spectacles et un dispositif itinérant l’UMAA – Unité Mobile d’Action Artistique. Performances, spectacles, formes artistiques participatives et ateliers vous attendent dans et autour de ce module insolite posé dans le parc de la Cité internationale universitaire de Paris, du 8 au 12 octobre.
L’Unité Mobile d’Action Artistique est le nouveau projet conçu par Olivia Grandville. Tout tourne autour d’une structure gonflable, réalisée par l’artiste hollandaise Cocky Eek, une sorte de campement où se vivent des expériences artistiques éphémères. Sous la grande bulle et dans ses alentours, se crée une communauté aux interactions imprévisibles. Danseurs, chorégraphes inventent des formes festives, contemplatives, participatives. Des spectacles courts, gonflés, qui s’avalent comme des shots, enchaînent avec des voyages au long cours. Le public entre, sort, revient, danse à son tour, mange. Sous le dôme pneumatique comme autour de lui, tout tient par le souffle, celui qui donne vie à un espace où peuvent s’inventer de nouvelles règles du jeu.
Je pense que c’est une expérience de liberté, contrairement à la place assignée au spectateur dans une salle noire pour une durée déterminée. Une liberté qui peut d’ailleurs parfois sembler inconfortable : ne pas savoir où se mettre peut parfois prendre tout son sens. Mais c’est aussi
l’occasion de faire des choix : qu’est-ce que je regarde (puisqu’il n’y a plus la hiérarchie imposée par le cadre), est-ce que je reste ou est-ce que je m’en vais, est-ce que je m’assois sans bouger ou est-ce que je change de point de vue… Et c’est parfois surprenant de voir que sur une durée de quarante-cinq minutes en frontalité, certains spectateurs vont prendre peur et sortir tandis que sur une forme ouverte de trois heures où ils sont libres de leur mouvement certains restent deux heures et demi !
L’idée était aussi d’accueillir des formats qui ne trouvent pas forcément leur place dans les salles traditionnelles.
Il y a d’abord eu la collaboration avec les deux collectifs associés à Mille Plateaux. La Tierce, dont le travail repose beaucoup sur l’imaginaire du spectateur, un lien presque mystique à l’invisibilité, au geste minimal et à la poésie de l’ellipse ; et le Collectif ÈS, dont l’énergie survitaminée et la virtuosité joueuse vient bousculer les spectateurs dans l’image qu’ils peuvent avoir d’une danse contemporaine réputée sérieuse. Si je les ai choisis c’est justement parce que je tenais à ce que l’UMAA rassemble des esthétiques et des postures d’artistes très diverses à partir du moment où elles sont de qualité. Dans l’avenir, cet enjeu restera présent mais s’y ajoutera la dimension de circuit court en profitant des territoires où l’on s’installe pour rencontrer des artistes locaux ou régionaux et optimiser les coûts et l’impact environnemental des déplacements.
Propos recueillis par Aurélien Péroumal