24/03/2022
Entretiens Nos résidents Maison des étudiants canadiens

L’impact de la Cité internationale sur moi est gigantesque et je me sens privilégié de vivre en ces temps incertains dans ce havre de paix

Maxime Poignand

Maxime Poignand, résident à la Maison des étudiants canadiens, nous livre son point de vue sur son parcours, la Cité internationale et ses projets.

Peux-tu nous raconter ton parcours et ton arrivée à la Cité internationale ?

Je suis arrivé à la Cité internationale après avoir terminé mes études à l’université de Montréal en “scénario et création littéraire”, un programme fort intéressant par sa diversité mais dont le côté hybride faisait de notre petit groupe d’étudiants des spécimens assez inclassables, pour nous-mêmes comme pour l’administration de la faculté, à la lisière du programme de littérature et celui du cinéma.

Je me suis demandé, une fois le baccalauréat en poche (c’est-à-dire la licence au Québec), dans quel autre grand bain étrange je pouvais à nouveau plonger, en considérant bien évidemment Paris et ses écoles comme un point de chute tout à fait envisageable, quand mon cher compagnon de route et brillant compositeur Jad Orphée Chami m’a justement proposé de le rejoindre dans sa demande de logement à la Maison des étudiants canadiens de Paris, afin qu’on y poursuive ensemble nos études artistiques.

 

Qu’est ce qui t’a motivé à intégrer la Cité internationale ?

J’avais alors déjà entendu parler de la Cité internationale par mon père, qui avait fait quelques tournages dans ses décors variés, et il n’en a pas fallu de beaucoup plus pour me convaincre de sauter le pas et de tenter ma chance en soumettant ma demande de résidence à la Maison des étudiants canadiens. Par bonheur (et peut-être aussi quelque part de par le nombre de chambres vacantes à cause de la pandémie) j’y ai été accepté.

Bien qu’ayant la nationalité française, je n’avais jamais vécu au pays des Lumières et j’ai voulu, un peu trop romantiquement j’en conviens, vivre la grande aventure parisienne (manque de bol avec le Covid) et surtout, au-delà de la France et de sa richesse culturelle indéniable, faire des rencontres les plus diverses et internationales possibles, et c’était l’occasion en or malgré le contexte plus qu’incertain.

 

Quels sont tes projets et objectifs futurs ?

Après une année en lettres et quelques écrits épars à mon nom d’artiste Maxime Barkowski (voilà pour la promo), je me suis orienté vers une formation de jeu d’acteur. J’ai toujours adoré les plateaux de tournage, que j’ai eu la chance de pouvoir côtoyer dès l’enfance grâce à mes parents, et sur lesquels j’ai pu travailler en parallèle de mes études, devant comme derrière la caméra. J’aime toujours autant passer à côté d’un des multiples tournages de la Cité internationale et les observer du coin de l’œil.

Au bout d’une année à la Maison des étudiants canadiens, et durant celle du 95ème anniversaire de la maison en 2021, notre directrice France Mainville m’a proposé de rejoindre l’équipe en intégrant le nouveau poste d’agent culturel. Surpris (en fait carrément dérouté), j’ai d’abord eu le réflexe de refuser, mais France a fini par me convaincre de sortir complètement de ma zone de confort et de tenter cette expérience nouvelle. Ensemble avec l’équipe formidable de la Maison des étudiants canadiens (mention spéciale à Isabella, l’agente de communication, dont j’occupe le bureau et qui doit me supporter toute la journée), nous avons organisé des concerts, des projections, des sorties au théâtre, des conférences, des expositions et leur vernissage, et plusieurs autres événements inoubliables. Je profite donc de cet espace afin de remercier France, pour toute cette confiance injustifiée qu’elle me donne, pour tout ce que j’apprends à ses côtés, mais aussi pour son soutien indéfectible et son aide constante, notamment dans le projet des Nuits de la poésie, que nous portons avec plusieurs autres résidents de la Cité internationale.

En effet, le 25 et 27 mars prochain (plus que quelques jours maintenant !) aura lieu la 1ère édition des Nuits de la poésie. En plus de l’hommage à la fameuse nuit qui a eu lieu le 27 mars 1970 à Montréal, ainsi qu’au poète et ancien résident de la Maison des étudiants canadiens Gaston Miron qui y a participé, cette édition aura pour thématique – d’autant plus brûlante et douloureuse aujourd’hui – la poésie et l’exil. Ce festival poétique comportera un spectacle d’ouverture, des activités multiples en journée (des ateliers, tables rondes, conférences, et même un tracé poétique… !), ainsi qu’un concours ouvert à tous les résidents.

Je tiens à nommer les membres du comité présents à mes côtés depuis le début de cette aventure inédite : Daniel de la Maison du Portugal – André de Gouveia, Daria de la Fondation Lucien Paye, Gabriel le camarade de la Maison des étudiants canadiens et Selima de la Maison de Tunisie. Je remercie aussi la Cité internationale, dont son président M. Jean-Marc Sauvé, pour son soutien, ainsi que toutes les maisons participantes.

 

Penses-tu que ton séjour à la Cité internationale soit un tremplin pour ton avenir ?

Je ne saurai dire pour mon avenir, mais une chose est certaine : l’impact de ce séjour sur moi est gigantesque et je me sens privilégié de vivre en ces temps incertains dans ce havre de paix, d’échanges, de rencontres et de convivialité qu’est la Cité internationale.

Pour avoir vécu dans une chambre de bonne avant mon arrivée, je comprends de quels affres de détresse étudiante j’ai été épargné. Car chez nous la vie sociale ne s’est jamais éteinte, malgré ou plutôt grâce au respect des consignes sanitaires par chacun. Aussi, je sais de manière générale la chance que j’ai de vivre ici, et tout ce que ce séjour m’aura apporté avant de devoir couper le cordon, et de sortir du cocon protecteur qu’aura été cette grande bulle étudiante durant la pandémie.

 

Si tu devais résumer la Cité internationale en un mot, lequel choisirais-tu ?

Cosmopolis.

Loin du film lourd et sombre de David Cronenberg, ce mot (qui n’existe pourtant pas dans le dictionnaire je pense) sonne pour moi comme l’idéal – voire l’utopie – que représente la Cité, celui du fondateur André Honnorat au sortir de la Grande Guerre, et qui aujourd’hui persiste toujours alors que les conflits renaissent, que des épidémies et autres catastrophes naturelles surgissent et que la peur grimpe partout. Malgré le contexte trouble et difficile, il me semble que vivent encore ici les grandes et belles idées de paix, de culture, de tolérance et de solidarité, venues de l’Antiquité des philosophes et prônées par les grands écrivains européens, d’Érasme à Zweig, à d’autres heures chaotiques de l’Histoire.

Je m’en rends compte parfois, de cette chance d’être là, lorsque assis contre un des arbres du parc de la Cité, un livre en main et un café à mes côtés, je lève un moment les yeux vers ces silhouettes d’étudiants, de joggeurs, de chiens joueurs et de promeneurs qui passent sur la grande pelouse ou à travers les beaux sentiers. Dans ce calme presque trop studieux, traversé par le charme intemporel d’une cité à la croisée des rêves et des chemins.

 

Maxime Poignant
Maison des étudiants canadiens

DES RÉSIDENTS ENGAGÉS

Les résidents sur le campus sont très engagés. Ils sont invités à s’investir dans la gouvernance, la vie collective et le développement du campus et mènent de nombreux projets participatifs. Pour construire un avenir commun, ils s’engagent sur les grands enjeux du monde contemporain en bénéficiant des échanges et des rencontres qu’ils font dans leurs maisons et sur le campus. 

UN LABORATOIRE D'IDÉES

Laboratoire d’idées et de création pour penser le monde de demain, la Cité internationale occupe une place singulière dans le paysage culturel parisien comme lieu de vie de la jeunesse internationale. Projets artistiques et écologiques collaboratifs foisonnent sur le campus.

Partager